Recyclage : A Rochefort, Id fait de la peinture avec des coquilles d'huîtres et des pare-brise
Publié par Lisa Henry le - mis à jour à
Dans une période compliquée de pénurie de matières premières, le recyclage pourrait se profiler comme l'avenir de la fabrication de produits. Dans ces circonstances, et dans le cadre de sa démarche RSE, La société Id a lancé une gamme de peinture composée de 50% de produits recyclés.
La peinture demande une fabrication assez polluante et énergivore. Mais aujourd'hui comme sur de nombreux produits, des chercheurs tentent de la faire rentrer dans une démarche RSE, plus verte, plus équitable. Le produit développé par les fabricants de peinture Id, est, lui, créé à partir de 50% de matières recyclés. Mais alors, pourquoi 50% ? Selon Nicolas Dujardin, COO de cette entreprise implantée à Rochefort, il s'agit du "compromis parfait entre écologie et qualité". "Au-delà de 50%, le produit final perd en opacité, et serait inutilisable". La coquille d'huître est l'une des matières recyclée pour la fabrication de cette peinture, un produit gris, contrairement à la résine classique qui est blanche. Une différence sur laquelle les développeurs ont dû travailler, afin d'apporter une qualité maximisée au produit final: elle "a même été une surprise".
Malgré ces contraintes, l'entreprise reste confiante quant à la possibilité d'élever le pourcentage de produits recyclés dans sa peinture dans les mois à venir. Chaque jour, nombre de chercheurs chimistes travaillent justement à cela. Cet engagement vient d'un "éveil" face aux problématiques écologiques dans le domaine de la chimie, ainsi que de la nécessité de commercialiser des produits qui fonctionnent dans une économie circulaire.
Avec des résidus de pare-brise
La conception de cette peinture est pour le moins surprenante. Elle est, pour la partie recyclée, crée à partir de coquilles d'huîtres, donc, mais aussi de résidus de pare-brise. Les pare-brise sont récupérés dans des déchetteries dans toute l'Europe, et traités en Belgique, où il sont écrasés, fondus, pour être utilisés. Une technique très peu énergivore, non seulement par la question du transport, qui entre la France et la Belgique est moindre, mais aussi du fait qu'elle ne demande pas d'extraction, et que la température de fonte des matériaux n'est que de 80 degrés. Cette cascade d'avantages créée un bilan carbone six fois inférieur à celui d'une résine classique. "Nous exploitons un produit mort, avec un processus peu intervenant, le tout en circuit court" résume Nicolas Dujardin.
Cette notion de circuit court se traduit notamment dans les filières de fabrication utilisées, concentrées entre la France et la Belgique. Pourtant, l'entreprise a tout de même recours à des matières premières venant d'Asie, ou d'Amérique. Aujourd'hui, c'est un problème auquel il ne trouvent pas de solutions. D'ailleurs, ils sont, de ce point de vu, fortement impactés par la crise des matières premières, et par le contre coup du blocage du canal de Suez par l'Evergreen. Mais Nicolas Dujardin minimise, seuls 50% de leurs matériaux sont concernés, il s'estime mieux lotit que d'autres entreprises. Mais, selon lui, "Notre parti pris sur les matières recyclées nous distingue, mais pas assez, nous sommes toujours soumis aux mêmes contraintes que les autres."
Et le recyclage des pots
En plus de la peinture en elle-même, l'entreprise s'engage sur le recyclage de ses pots en acier, même souillés. Pourtant, cela ne leur apporte pas grand chose, puisqu'il y a peu de filières en France, ils n'ont pas la possibilité de récupérer les aciers traités, et cela créé donc une perte pour eux. Ce recyclage est soumis à des critères sur lesquels ils n'ont pas la main, l'idée d'un circuit fermé, et du métal recyclé qui reviendrait à eux inspire la société, mais le manque de forge en France rend cet espoir impossible. "C'est dommage", souligne Nicolas Dujardin, qui déplore le peu de possibilité quant au traitement de l'acier dans l'hexagone, "un procédé pourtant si simple".