Supply chain : des acheteurs peu soucieux des couvertures des assurances de leurs fournisseurs
Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
Si les achats ont bien pris conscience de l'importance d'identifier les risques fournisseurs impactant leur supply chain et par conséquent leur business, ils semblent encore trop peu nombreux à prendre en compte les couvertures des assurances de leurs fournisseurs.
"La supply chain est un des premiers risques de l'entreprise en cas de défaillance mais c'est aussi son principal moteur de performance", explique Laurent Giordani - de KYU Associés, conseil en Supply Chain et en Risk Management à l'occasion du 25 e anniversaire des rencontres Amrae*.
Parmi les risques identifiés ayant un impact sur la supply chain figurent notamment les risques fournisseurs (capacité de production de ces derniers, la gestion de leur logistique, ...), mais aussi le risque management de ces derniers (santé financière des entreprises, RSE, ...) et enfin les risques sanitaires, géopolitiques et catastrophes naturelles.
Des acheteurs peu soucieux des assurances de leurs fournisseurs
Or, pour Alexandra Pfalzgraf, directrice des risques et assurances chez Schneider Electric, "les priorités des acteurs sont différentes. Ainsi, les acheteurs privilégient le prix et la disponibilité des produits plus que la localisation de leurs fournisseurs et encore moins des couvertures des assurances de ces derniers. Sans compter que l'optimisation fiscale est un argument plus convaincant pour les financiers davantage que la proximité client. De leur côté, les usines cherchent à améliorer leur productivité en s'implantant dans des pays low cost souvent exposés aux événements naturels, en mettant en place des solutions de " facility management " qui entrainent une dilution de la gestion des risques. Il existe ainsi un vrai problème de protection des sites car beaucoup vont sous-traiter la fonction de maintenance et lutte contre les incendies".
Dernier exemple en date, en juin 2015, chez Schneider Electric avec un de ses fournisseurs basé aux Philippines. "On avait identifié beaucoup de risques naturels (typhons, ...)) dans la région, mais au final, c'est un incendie dans un entrepôt de stockage et d'emballage des matières premières et des moules en juin 2015 qui aurait pu entraîner une rupture dans la supply chain, précise la directrice des risques et assurances chez Schneider Electric, et de se désoler : Malheureusement il faut qu'il y ait un sinistre pour qu'on en prenne conscience". La perte de l'ensemble des moules pour la fabrication des pièces dont une partie était single-source aurait pu coûter plusieurs millions d'euros. Au final, la plupart des moules a pu être récupéré et le sinistre n'aura été que de moins de 500 000 euros. "Suite à l'incendie, un inventaire des équipements a été fait mais le turn-over dans les équipes rend parfois difficile le suivi des équipements localisés chez les fournisseurs", souligne Alexandra Pfalzgraf de chez Schneider Electric.
Lire la suite en page 2 : Bien identifier les risques fournisseurs (exemple de Schneider Electric)
*25e Rencontres de l'Association du management des risques et des assurances de l'entreprise qui ont eu lieu à Deauville du 1 er au 3 février derniers - Atelier " Rupture Supply Chain : modélisation des interdépendances et des cumuls ".