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Le marché des flottes, toujours à la hausse

Publié par Jean-Pierre Lagarde le - mis à jour à

Malgré le doute qui plane sur les mesures fiscales attendues en fin d'année, les flottes d'entreprises ont encore fait progresser leurs achats de véhicules de +3,7 % au premier semestre. Et sur ce marché des entreprises, les PME et TPE sont désormais le véritable moteur de la croissance des ventes.


S'ils ont progressé encore au cours des six premiers mois de l'année, les achats de véhicules réalisés par les flottes automobiles laissent planer un doute. La hausse début 2018 est plutôt naturelle au regard de la baisse enregistrée sur la même période l'an passé. Par ailleurs, la question se pose de savoir si les entreprises n'ont pas profité des six premiers mois de l'année pour anticiper le renouvellement de leur parc. En septembre en effet, les véhicules neufs qu'ils achèteront seront homologués sous le protocole WLTP et non plus NEDC ; c'est-à-dire que la mesure de leurs consommations de carburant et surtout de leurs niveaux d'émissions polluantes seront plus proches de la réalité (10 g/km de CO2 en plus en moyenne) et donc beaucoup plus taxées.

Cette disposition a-t-elle poussé les flottes à avancer leurs achats ? C'est probable, d'autant que le Gouvernement s'est prononcé pour un nouvel abaissement du seuil du malus, celui-ci passant de 120 à 117 g de CO2/km, sans pour autant annoncer de modifications de la fiscalité des flottes, laquelle est entièrement assise sur les niveaux d'émissions de CO2 des véhicules d'entreprises.

En septembre 2018, les constructeurs seront tenus d'avoir homologué tous leurs modèles sous le nouveau test WLTP. Ces nouvelles valeurs seront ensuite utilisées à la place des anciennes pour la définition des bonus et malus des voitures. Initialement, cette modification était annoncée pour le 1er janvier 2019, mais sa mise en oeuvre a depuis été décalée. Les valeurs WLTP ne seront prises en compte qu'à partir de septembre 2019. Au plus tôt. D'aucuns parlent même de janvier 2020.

En attendant, c'est bien une progression de 3,7 % des ventes de véhicules aux entreprises qui a été enregistrée par les constructeurs automobiles au cours des six premiers mois de l'année, soit près de 418 000 véhicules dont 244 000 voitures particulières et 174 000 véhicules utilitaires. On constate donc que les entreprises ont beaucoup investi dans le renouvellement de leurs parcs de voitures et dans celui des camionnettes et fourgonnettes. La progression est de +4,9 % pour les voitures d'entreprises et de +2,1 % pour les utilitaires.

Le diesel en déclin

Autre phénomène observé au cours des derniers mois, l'évolution des choix énergétiques des entreprises. Selon l'Observatoire du véhicule d'entreprise (OVE), le diesel affiche un repli de -1,8 % mais conserve dans les flottes une part de marché de 80,6 % (soit 4,5 points de moins qu'à fin juin 2017). Naturellement, ce sont les modèles essence qui profitent de ce déclin puisque dans le même temps, ceux-ci voient leurs immatriculations augmenter de 33,5 % avec 60 897 unités. Ces modèles essence dans les flottes disposent désormais d'une part de marché de 14,6 %. Plus significatif, si l'on mesure l'évolution du seul segment des voitures particulières, la part de marché du diesel dans les entreprises s'établit cette fois à seulement 70,7 % avec des immatriculations en repli ici de 3,6 %. Et dans le parc des entreprises, la part de marché des voitures carburant à l'essence atteint désormais 22,6 %, grâce à des immatriculations en croissance de 30,7 % (soit 55 032 unités).

Toujours sur les six premiers mois de cette année, les immatriculations de véhicules électriques en entreprises sont en hausse de 37,8 % avec 7 226 immatriculations (VP + VUL). La part de marché de l'électrique reste toutefois stable à 1,7 %. Depuis plusieurs mois, le rythme de croissance de l'électrique est plus rapide en entreprises que sur le marché automobile global.

Quant aux véhicules hybrides, ils enregistrent une hausse de leurs immatriculations de 46,7 % à 12 532 unités avec une part de marché de 3 %. Ici, les hybrides rechargeables ont représenté 53,3 % des ventes et les hybrides non rechargeables, 44,3 % du volume. "En un an, constate l'OVE, les hybrides se sont arrogés un point de part de marché supplémentaire, pour atteindre 3 %. Si l'on considère le seul segment des VP, les immatriculations de véhicules hybrides affichent une progression de 47,7 % (12 208 unités) et une part de marché de 5 %".

Les PME et TPE adoptent la LLD

Autre phénomène observé récemment sur ce marché du véhicule d'entreprise : le poids de la LLD (location longue durée). Ainsi, les loueurs qui financent actuellement plus de 63 % des acquisitions de véhicules réalisées par des entreprises mesurent cette évolution au travers de leurs clients PME et TPE. Pour la plupart des acteurs de la LLD de véhicules auprès des entreprises, les PME et TPE font figure de relais de croissance pour leurs activités alors que les grands comptes réduisent leurs parcs ou se demandent plutôt comment mieux utiliser leurs véhicules. Comme le souligne le syndicat des loueurs (Sesam LLD), "les PME constituent une cible privilégiée et proposent un potentiel énorme. Notre clientèle grands comptes ne représente aujourd'hui que 2 à 3 % de croissance alors qu'on est déjà à plus de 15 % de croissance du côté des plus petites structures. C'est donc ce secteur qui tire la croissance des loueurs avec pourtant moins de 20 % de taux de pénétration". Ainsi, constate le loueur Alphabet, "nous nous développons beaucoup sur le segment des PME-TPE, lequel répond très bien aux sollicitations de la LLD. Et c'est là que nous réalisons le plus gros de notre croissance".

Le constructeur Renault ne tient pas à se laisser distancer auprès de cette clientèle. Aussi, la marque a lancé en début d'année une offre simple de location baptisée Easy Loc Pro. Cette offre de LLD pour les petites entreprises comprend le financement, l'entretien, l'assistance 24/24, la protection financière pour le vol du véhicule, la prévention du risque routier et des stages de récupération de points de permis. La marque au losange accompagnera cette offre de LLD avec des outils de gestion digitaux accessibles sur smartphone, tablette ou ordi, permettant aux petites flottes de gérer à distance leurs véhicules en ayant en permanence une vision de leur parc de véhicules avec la remontée des kilomètres effectués, d'accéder aux données financières ou de gérer ses contrats, la maintenance, les alertes, etc. De quoi garantir aux PME les mêmes capacités de gestion de parcs que celles retenues par les grands comptes.

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