Mobilité en entreprise: sept opportunités à saisir
Publié par Jean-Philippe Arrouet le | Mis à jour le
La crise sanitaire se répercute sur l'écosystème automobile et sur les entreprises consommatrices de mobilité. Mais elle recèle également des opportunités de mieux maîtriser les charges liées aux déplacements professionnels.
1. Lancer un audit
En sortie de crise, la réalisation d'un audit de parc apparaît comme un premier levier de performance en affinant la connaissance des usages. La dépense n'est pas neutre (de 10 000 à 15 000 euros), mais les gains sont multiples: mutualisation des véhicules existants, réduction du parc, adaptation de la car policy (notamment par l'introduction de quelques motorisations électrifiées). "On peut arriver entre 10 et 20 % d'économies sur le TCO", plaide Amandine Verdasca, directrice de Winflotte Management. Le gain sera d'autant plus net que la réflexion intégrera l'environnement immédiat de l'entreprise. "Lorsqu'elles ne sont pas desservies par des services de transport en commun ou d'autopartage, plusieurs entreprises très proches, par exemple dans une même zone d'activité, peuvent mutualiser des véhicules pour de courts trajets. Et même s'il existe des contraintes de financement, elles peuvent se résoudre par la création d'un GIE."
2. Ajuster la taille du parc
"Une voiture de fonction roule en moyenne une heure et demie par jour alors qu'elle coûte entre 10 500 et 12 000 € HT par an, hors coûts d'usage", appuie Amandine Verdasca. Après un audit, des réductions ciblées du parc peuvent s'envisager, notamment en profitant des échéances des contrats, si l'entreprise a recours à la location longue durée. Même en ayant la main lourde sur la réduction de parc, il existe une solution de repli avec la LMD. Elle permet de rajouter quelques véhicules pour quelques mois (jusqu'à 24), jusqu'à retrouver le bon dimensionnement de la flotte. En outre, le recours au véhicule de fonction n'est pas toujours l'unique solution depuis l'apparition de "forfaits mobilité" qui offrent aux salariés un crédit à utiliser sous différentes formes : location courte durée, autopartage, VTC, etc. Ces formules, qui gagnent du terrain auprès des jeunes collaborateurs, sont cependant réservées à des sites urbains, où les services de mobilité sont abondants.
3. Rééquilibrer les lois de roulage
Un audit permet d'identifier des véhicules qui roulent peu et de rééquilibrer les lois de roulage en les réaffectant au sein d'un même parc. Winflotte Management a poussé cette logique plus loin pour un client organisé en cinq business units disposant chacune de son propre pool. Désormais, chaque manager a une vision de l'intégralité de la flotte, ce qui lui permet d'emprunter un véhicule à une autre BU qui ne l'utilise pas. Après un état réalisé par un prestataire indépendant, les coûts sont mis à la charge de la BU utilisatrice.
4. Déployer la télématique
Selon le dernier baromètre de l'Arval Mobility Observatory, seules 28% des flottes françaises sont équipées en télématique. Mais la tendance s'accélère depuis la crise sanitaire, car les boîtiers télématiques de nouvelle génération sont capables de fournir des analyses pertinentes pour arbitrer des mesures d'économie. "Nous avons à la fois du big data, qui nous donne le détail des jours et heures d'utilisation du véhicule, et des données de gestion de parc. Notre analyse utilise ces deux sources de données pour les croiser avec des filtres sur les rejets de CO2, sur les véhicules qui ont peu roulé, sur les TCO élevés... Ce qui peut permettre d'identifier quelques milliers d'euros d'économie par véhicule", explique Julien Rousseau, directeur général de SuiviDeFlotte.net. Parmi les dernières fonctionnalités qu'il propose : l'identification des profils de conducteurs (durée, kilométrage, proximité d'un point de charge) qu'il serait pertinent de basculer en électrique ou en hybride rechargeable.
5. Proposer un forfait mobilité durable
Depuis le 1er janvier 2020, la loi LOM permet aux employeurs d'accorder à leurs salariés un "forfait mobilité durable" pour les trajets domicile / travail. Son montant annuel vient d'être porté de 400 euros à 500 euros (dont 200 € maximum de carburant), au 1erjanvier 2021. Il est cumulable avec la prise en charge de 50 % du coût de l'abonnement aux transports en commun. Un package parfois plus avantageux que de financer des navettes ou des véhicules à disposition. Certains prestataires sont sur les rangs, à l'instar d'Edenred qui a lancé, fin 2020, le un "Ticket mobilité", sur le principe de son "Ticket restaurant" : "Notre métier est de garantir un réseau d'acceptation du titre et de s'assurer de sa conformité à la loi", souligne Vianey du Parc, directeur général d'Edenred France. Il intégre un vaste choix de prestations de mobilité (achat de vélo, co-voiturage, services de mobilité partagée tels que les vélos, les trottinettes ou encore les scooters et voitures électriques). L'offre d'Edenred se veut transparente tant pour le gestionnaire (une seule facturation) que pour l'utilisateur (grâce à une application). Surtout, l'utilisation de ce titre de paiement dispense l'entreprise de collecter des justificatifs auprès de ses salariés. "Comme pour le Ticket Restaurant, le Ticket Mobilité sera exonéré de charges fiscales et sociales et il ne rentrera pas dans le calcul de l'impôt sur le revenu des salariés", ajoute le directeur général. Seule différence toutefois, l'entreprise en financera l'intégralité, sans participation des salariés.
6. Tester le covoiturage
Le covoiturage devient un moyen de sécuriser les trajets domicile / travail en évitant la promiscuité des transports en commun. Il constitue également un levier d'économies en réduisant le nombre de places de parking. " En déployant notre service pour 750 salariés avec un coût de 10 000 euros, le gain est de l'ordre de 100 000 euros par an ", affirme Julien Honnart, président fondateur de Klaxit. Une performance qui dépend d'un diagnostic initial de la mobilité dans l'entreprise et d'une animation pour atteindre 20 % d'utilisateurs (contre 2 à 3 % lorsqu'une entreprise covoiture sans appui). Cible privilégiée : les entreprises situées à l'écart des réseaux de transport les plus denses. Jusqu'au 31 décembre 2022, il est possible de tester ce service gratuitement pendant quatre mois grâce à un programme de certificats d'économie d'énergie (CEE), intitulé "Tous covoitureurs !", qui couvre le coût de cet abonnement.
7. Anticiper le "verdissement" de la flotte
Le plan de relance automobile, présenté le 26 mai dernier, offre l'opportunité d'alléger les coûts liés à la conversion de la flotte vers des modèles à faibles émissions. Jusqu'au 31 décembre 2020, le bonus écologique pour les véhicules électriques est porté de 3 000 à 5 000 euros, et un autre de 2 000 euros est créé pour les hybrides rechargeables. Cependant, les prix des véhicules doivent rester sous la barre des 45 000 euros pour les électriques et des 50 000 euros pour les hybrides (qui devront en outre assurer une autonomie en électrique d'au moins 50 km). Les constructeurs ont déjà ajusté leur offre comme chez BMW-Mini où 14 modèles des deux marques répondent aux critères. A l'instar de la nouvelle 320e, commercialisée en janvier 2021, qui met le ticket d'accès à l'hybride rechargeable à 46 500 € pour le premier niveau de finition. Moyennant 49 850 €, il est possible de s'offrir la version Business Design, toujours en profitant du bonus. Mais attention à ne pas se limiter aux prix catalogue.
Exemple avec le SUV compact hybride BMW X2 xDrive25e : "Le tarif débute à 48 300 euros, mais la finition Business Design est à 51 400 euros. Cependant, avec une remise de l'ordre de 2,5 % qui correspond aux protocoles que nous avons avec les loueurs, ce véhicule devient éligible au bonus", explique Aymeric Scheidecker, directeur des ventes aux entreprises de BMW et Mini France. Pour d'autres positionnements tarifaires, plus tangents, comme pour la berline 330 e, il suffira de redescendre le niveau de finition de Business Design à Lounge pour sécuriser le bonus. "La LLD accélère son soutien aux valeurs résiduelles des véhicules électriques et hybrides rechargeables, ce qui tend à gommer les différences avec les modèles thermiques", souligne le directeur des ventes aux entreprises. Bref, un bon calcul à condition que les usages correspondent à ces motorisations, que les conducteurs accèdent facilement à des bornes de recharge et qu'ils prennent l'habitude de s'y brancher. L'expérience montre la nécessité de le leur rappeler pour obtenir des gains en TCO.