Achats d'énergie : l'appréhension des entreprises
Publié par Lisa Henry le - mis à jour à
Les directions achats françaises appréhendent toutes l'arrivée de l'hiver, qui pourrait signifier une pénurie de gaz difficile à surmonter. Le point sur la situation avec Thierry Chapuis, délégué général de L'Association Française du gaz.
Comment anticipez-vous les livraisons de gaz pour cet hiver ?
La France a des approvisionnements de gaz relativement diversifiés. À ce stade, en dehors de la problématique du gaz russe, toutes nos autres sources de gaz devraient honorer leurs livraisons.
Pour nous en assurer, nous avons augmenté les livraisons de gaz norvégien, et nous nous préparons à stocker de plus grandes quantités, notamment avec l'unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU), qui sera mise en service par Total et pour laquelle GRT Gaz s'occupe de la connexion au réseau.
En somme, les livraisons de gaz pour l'hiver ne de-vraient pas poser de problème en France. Le risque pourrait résider dans les aides que nous fournissons déjà à nos voisins. D'autant plus si elles venaient à augmenter, notamment celles destinées à l'Allemagne.
Quelle répercussion à la hausse des prix pour les entreprises ?
La situation sur les volumes diffère de celle sur les prix. Les prix sont à des niveaux très élevés aujourd'hui, car ils embarquent une forme de prime de pénurie ou prime de guerre. Cette "prime" est liée au fait que les tarifs sont manipulés par les ouvertures et fermetures de vannes de la Russie. Ce sont donc les tensions géopolitiques qui dictent les tarifs.
La problématique est la même dans toute l'Europe, pourtant les prix sont 25% plus bas en France qu'en Allemagne. C'est simplement parce que nous disposons d'approvisionnements plus diversifiés, et de capacités de stockage plus importantes. Aujourd'hui elles sont pleines à 97%, à plus d'un mois de l'échéance fixée début novembre pour le stockage hivernal.
Quelles stratégies les entreprises peuvent-elles mettre en oeuvre pour diminuer leur consommation ?
Les premières bonnes pratiques à appliquer sont liées à la sobriété énergétique. Il y a quelques mesures incontournables, comme celle de régler son chauffage à 19°C.
Nombre d'entreprises ont déjà mis en oeuvre des initiatives d'efficacité énergétique, même s'il reste encore à faire. Aller plus loin signifierait être complètement sobre. Ce n'est pas simple, chaque entreprise doit faire avec ses ressources.
Nous constatons déjà des entreprises qui s'arrêtent, comme les fonderies de l'ARC ou certains producteurs d'engrais, ce qui n'est pas la bonne solution. La stratégie des entreprises ne doit pas reposer sur de la destruction de demande.