Achats d'énergie : comment maîtriser les hausses ?
Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
Face à l'explosion des prix de l'énergie, les acheteurs doivent mettre en place des stratégies adéquates pour maîtriser au mieux les hausses.
En très forte progression depuis plusieurs mois, les prix de l'énergie ont commencé à se stabiliser en mai dernier. Une accalmie qui aura été de courte durée puisqu'ils ont littéralement explosé vers le milieu du mois de juin. "Cette forte inflation est notamment liée au fait que le gazoduc North Stream 1 est actuellement en maintenance, ce qui entraîne des inquiétudes quant à un possible arrêt des livraisons", explique Nicolas Leclerc, co-fondateur d'Omnegy, un cabinet de conseil en énergie.
A lire aussi : Flambée des prix de l'énergie : les entreprises peuvent-elles y faire face ?
North Stream 1 approvisionne du gaz depuis la Russie jusqu'au nord de l'Allemagne. "Cela fait grossir la prime de risque en Europe et les prix grimpent à des niveaux qui impliquent une destruction de la demande à court terme", indique Nicolas Leclerc.
De fortes inquiétudes sur l'électricité
Si la France est moins dépendante du gaz russe que l'Allemagne, le risque de rupture d'électricité est, lui, réel. "Nous sommes beaucoup plus à risque pour l'électricité dans l'Hexagone car il y a des problèmes de disponibilités des centrales nucléaires", souligne Nicolas Leclerc.
A lire aussi : Crise Russie-Ukraine : quelles conséquences pour les achats d'énergie ?
Résultat : les tarifs devraient continuer à s'envoler dans les mois à venir. "Pour l'année prochaine, les prix de référence de l'électricité se négocient actuellement dans les 450 euros le mégawattheure (MWh) en France, alors que les entreprises payent actuellement en moyenne 150 euros par MWh, ce qui représente déjà une forte augmentation par rapport à l'année dernière", détaille Nicolas Leclerc.
Selon le co-fondateur d'Omnegy, le budget moyen alloué à l'électricité devrait doubler dans les entreprises en 2023. "En 2022, le budget énergie a déjà bondi. A titre d'exemple, nos clients ont subi en moyenne une hausse de 50 à 100 % de leurs contrats d'électricité et nous anticipons des hausses supérieures à 2022 en 2023 et 2024", informe-t-il.
Quelle stratégie adopter ?
Pour limiter les effets de ces fortes hausses, les entreprises disposent de plusieurs leviers. A commencer par investir dans des projets de réduction des consommations d'énergie. "Aujourd'hui, au vu des prix de l'énergie, ce genre d'opérations est plus rentable qu'auparavant. Le retour sur investissement est atteint beaucoup plus rapidement", analyse Nicolas Leclerc.
Les entreprises ont donc tout intérêt à réaliser une revue de leurs opérations afin de déceler d'éventuels postes sur lesquels investir dans des équipements moins énergivores ou des changements de process.
L'expert en énergie conseille également de mettre en concurrence les différents fournisseurs. "Il existe parfois des écarts conséquents entre les fournisseurs car la volatilité est forte sur les marchés et les prix varient énormément", explique-t-il. Il recommande également de prendre des décisions rapidement, car les offres ne sont pas valables longtemps compte tenu du marché haussier.
Dans le contexte actuel, la prudence est de mise. "Certains acheteurs pourraient vouloir attendre une baisse de prix avant d'accepter une offre. Mais il faut avoir en tête qu'il y a actuellement plus à perdre qu'à gagner. Il est plus probables que l'on assiste encore à de fortes hausses de prix ces prochains mois plutôt qu'à des baisses de prix", souligne Nicolas Leclerc.
Il est donc préconisé d'accepter une offre actuelle à un prix élevé plutôt que d'attendre plusieurs mois et de voir les tarifs encore gonfler.