Les achats de prestations intellectuelles en mode beau fixe
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Suite à l'accord signé entre la Cdaf et Syntec Conseil en management, Marc Sauvage, président de la Cdaf et Bertrand Molinier, co-animateur du groupe achat de Syntec Conseil, ont accepté de faire le point sur la situation. Interview croisée.
Qu'est-ce qui a motivé cet accord sur les achats de prestations intellectuelles entre le Syntec Conseil en management et la Cdaf?
Marc Sauvage (président de la Cdaf) : Nous constations des incompréhensions entre les acheteurs et les consultants, avec des relations parfois houleuses entre les deux parties. Il faut savoir en effet que l'achat de prestations intellectuelles (PI) est souvent un exercice compliqué puisqu'il s'agit d'actes immatériels avec un fort ressenti propre à chacun. Il était donc important de remettre les choses à plat en nous appuyant sur du concret.
Bertrand Molinier (co-animateur du Groupe Achat de Syntec Conseil en Management) : Cet accord est le fruit d'un travail initié il y a presque 2 ans... ce qui montre le niveau de complexité que nous avons dû surmonter. A noter que le groupe de travail achats au sein du Syntec existe depuis une dizaine d'années. Il s'agissait de mettre en forme les bonnes pratiques, de créer un référentiel/modèle sur lequel pourront s'appuyer les services juridiques des deux parties. Nos efforts ont porté dans un premier temps sur les clauses contractuelles qui posent généralement le plus de problèmes entre acheteurs et consultants.
Les griefs portaient sur quoi finalement ?
MS : Les acheteurs reprochaient aux consultants de vendre essentiellement du taux journalier moyen, de "disposer" de consultants qui n'étaient pas ceux évoqués dans la phase commerciale et/ou avec un profil de junior, etc. De leurs côtés, les consultants n'étaient pas avares de reproches vis à vis des acheteurs : ils leur reprochaient de ne parler que de prix, qu'ils avaient du mal à estimer la valeur ajoutée des propositions, qu'il existait des confusions entre obligation de moyens versus obligation de résultats, etc. Le temps était venu pour les deux parties de se mettre autour d'une table.
BM : Force est de constater que les deux professions ne se comprennent pas toujours. Elles ont du mal à comprendre les enjeux des uns et des autres. Nous avions donc pour mission de déboucher sur des modes de collaboration fluides et efficaces.
Que pensez-vous finalement de cet accord ?
MS : Même si cet accord s'inscrit dans le prolongement de la signature de la charte des bonnes pratiques achats, je le trouve satisfaisant dans la mesure où nous partions de zéro. Il était fondamental de "remettre l'église au milieu du village". Il est certes perfectible, puisque certains sujets (comme celui sur la propriété intellectuelle) n'ont pas encore été finalisés. Il nous reste désormais à le diffuser dans nos organisations respectives en alertant les secteurs représentatifs dans l'univers du conseil telles que la grande distribution, les banques-assurances, les opérateurs télécoms...
BM : En attaquant cet accord sur les clauses contractuelles, il nous est apparu important de poser un socle avec des fondements pour de nouvelles relations. La seconde étape nous permettra d'aller plus loin, c'est-à-dire, d'aborder des points plus "métiers", qui touchent davantage à l'exercice des professions. A titre d'exemple, comment mesurer la valeur des prestations autrement qu'un simple TJM (Taux Journalier Moyen), ou, comment travailler sur une segmentation de prestations de conseils dans laquelle tout le monde se retrouve, etc.