Délais de paiement : Il y a urgence !
Publié par Anne-Sophie David le | Mis à jour le
Bercy accueillait vendredi dernier les Assises et prix des délais de paiement, dont les retards en France ont coûté 15 milliards d'euros de trésorerie aux PME en 2013 selon la Banque de France. Une situation préoccupante qui mine l'économie alors que les signes de reprise sont pourtant là.
L'existence même d'un tel évènement prouve à quel point la situation est préoccupante en France. Selon une étude du cabinet Altares, moins de 40% des entreprises payent leurs fournisseurs à l'heure, 91,6% des ETI et grandes entreprises payent en retard (13 jours en moyenne), et 1 jour de retard en plus représente 1 milliard d'euros en moins pour les fournisseurs.
Une situation qui fragilise et tue lentement bon nombre de PME alors que les signes de reprise de l'activité économique sont bel et bien là.
"Comment un chef d'entreprise peut-il élaborer son plan de trésorerie s'il ne sait pas combien de factures vont lui être payées à temps ? En France, 25 % des faillites d'entreprises sont dues aux retards de paiement". Un constat grave, pointé par Pierre Pelouzet, médiateur national des relations inter-entreprises, dans un contexte de reprise de l'activité économique. "Ne tuons pas la croissance, ne tuons pas la reprise", a t-il ajouté.
Créés en 2014, les prix des délais de paiement visent à favoriser la prise de conscience des acteurs économiques en faveur de l'amélioration des délais de règlement des factures fournisseurs et sous-traitants et à mettre en valeur les bonnes pratiques des acteurs publics et privés.
"Les nombreuses candidatures reçues et l'exemplarité de nos lauréats prouvent qu'il est possible d'améliorer les délais de paiement. En légiférant correctement sur ce point et en faisant en sorte que la loi soit appliquée, nous pourrions rendre 2 ou 3 milliards aux PME françaises dans les six mois" a déclaré Jean-Hervé Lorenzi, Économiste et Président du pôle de compétitivité Finance Innovation.
Un dossier impossible en France
En 2008, la LME (Loi de modernisation de l'économie) a fixé à 45 jours fin de mois (ou 60 jours à partir de la facturation) le délai de paiement maximum. Depuis, les gouvernements successifs ont régulièrement remis le dossier sur la table afin que les PME soient payées en temps et en heure.
Pour ces entreprises, le respect des délais fixés dans la loi représenterait une ressource supplémentaire de 15 milliards d'euros, selon Bercy.
Une loi, la loi Warsmann, a même imposé une indemnité forfaitaire de 40 euros par facture aux mauvais payeurs, en plus des pénalités de retard. Mais dans les faits, très peu d'entreprises osent réclamer les frais de relance, voulant s'éviter un bras de fer avec leurs donneurs d'ordres et prendre ainsi le risque de perdre de futurs contrats. Une situation ubuesque à la française et contre-productive pour faire repartir la machine économique.
"Il faut que des deux côtés, chacun y mette du sien", a lancé Marc Sauvage, Président de la CDAF lors d'une table ronde sur les incidences des délais de paiement et retards sur l'économie, ajoutant que certains secteurs, comme le bâtiment notamment, étaient particulièrement touchés, "la chaîne de facturation est souvent très compliquée et la révision des prix, mal calculée", a t-il ajouté.
De l'avis général, la situation se s'améliore pas. Pire, elle se dégrade. Frédéric Grivot, vice-président de la CGPME, a "constaté clairement une dégradation". Eric Latreuille de l'association française des crédits managers et conseils (AFDCC) a souligné quant à lui que "la composante retard a fortement augmenté, nous allons vers un allongement global des délais".