Délais de paiement : plus c'est petit mieux ça passe
Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
Un léger mieux sur le front des délais de paiement : ainsi, le retard moyen est de 10, 4 jours chez les grands comptes en 2016 contre 12,1 en 2015. Mais si les gros délais ont tendance à diminuer, les petits retards se multiplient et s'accumulent. Résultats du 6e baromètre du cabinet Arc et Ifop.
77% des entreprises pensent que le secteur public respecte moins bien les délais de paiement que le secteur privé. Ainsi, plus de la moitié des PME (54%) et 26% des grandes entreprises refusent de répondre aux appels d'offre du secteur public par peur de ne pas être payées ou de délais de paiement trop longs. Et 48% des entreprises pensent par ailleurs que les grands groupes respectent moins les délais de paiement que les PME.
Le secteur public, mauvais élève des délais de paiement
"Les retards de paiement importants du secteur public sont ancrés. [...] De nombreuses actions ont été - et sont encore- mises en place pour faciliter l'accès aux marchés publics aux PME. Mais elles resteront inefficaces tant que l'Etat et les collectivités ne seront pas exemplaires sur ses délais de paiement", explique Denis le Bossé, président du cabinet Arc. C'est ce qui ressort du 6e baromètre* publié par le cabinet Arc et l'IFOP sur les problématiques de recouvrement de créances, la trésorerie et le financement des entreprises.
De manière globale, le retard moyen apparaît en nette baisse. il est de 11,8 jours pour les PME (contre 13,9 en 2015) et de 10, 4 jours chez les grands comptes (contre 12,1 en 2015). Mais"le profil du retard de paiement change : on constate beaucoup moins de gros retards mais davantage de petits. Ce changement chez les grandes entreprises est sans doute lié à la crainte d'une amende administrative mais aussi et surtout à la politique du "name and shame" qui semble fonctionner. En revanche, les nombreux petits retards sont tout aussi toxiques pour l'entreprise et le curseur de la sanction peut être revu", détaille le président du cabinet Arc.
Des délais de paiement plus courts ... mais plus nombreux
Ainsi, les petits retards (1 à 10 jours) augmentent significativement : 58% pour les PME (contre 41% en 2015) et 57% pour les grands groupes (contre 44% en 2015). Au final, 65% des entreprises considèrent que les délais de paiement n'ont pas changé (contre 60% en 2015), 18% qu'ils se sont détériorés (contre 29% en 2015) et ... même 16% qu'ils se sont améliorés.
Dans le détail, en 2016, les entreprises sont de plus en plus frileuses à relancer leurs clients grands comptes par peur de perdre un marché, soit 89% d'entre elles, contre 86% l'an dernier. Et 75% des entreprises ne réclament pas de frais de recouvrement par crainte d'une détérioration de la relation commerciale avec leur client. Pour briser ce rapport de forces, Denis le Bossé propose "un tiers. Cela passera par les contrôles de la DGCCRF, mais aussi et bien plus encore par le rapport des commissaires aux comptes".
Publication des amendes et démat' : les solutions miracles?
Pour financer leurs besoins de trésorerie, les entreprises considèrent toujours le prêt bancaire (à 52%) comme la solution numéro 1 devant l'affacturage classique (30%), le prêt inter-entreprises (11%) ou le reverse-factoring (6%). L'affacturage reste une solution jugée trop coûteuse pour être rentable par 86% des entreprises. En ce qui concerne le prêt inter-entreprises, 17% des sociétés seraient prêtes à en octroyer et 12% à en solliciter. Mais 89% redoutent la relation de dépendance que cela engendrerait.
Résultat : pour faire face à leurs besoins de trésorerie, 31% des entreprises rallongent leurs délais de paiement fournisseurs et 37% utilisent le découvert bancaire. Quelle est la solution miracle? 49% des entreprises pensent qu'il est possible de réduire les délais de paiement en publiant les amendes administratives (quand 25% pensent que l'augmentation des amendes réduirait ces délais). Autre piste à explorer : la dématérialisation des factures pour 59% des entreprises.
*502 entreprises de plus de 50 salariés ont été interrogées entre le 19 septembre et le 4 octobre 2016.