Pour une politique de voyage "verte" et économique
Publié par Fanny Perrin d'Arloz le | Mis à jour le
Sur le segment des voyages d'affaires, allier contrôle des dépenses et atteinte d'objectifs environnementaux n'est pas irréalisable. Le tout est de définir des mesures conformes à sa politique d'achat responsable, sans trop revoir à la baisse le confort des voyageurs.
La politique de voyage est une déclinaison de la stratégie d'achats responsables de l'entreprise, qui doit satisfaire à des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Elle nécessite, en amont, une analyse fine de ses déplacements professionnels. " Avant de faire un déplacement, il faut vérifier qu'il est vraiment nécessaire en calculant son ROI ", rappelle Étienne Penaud, spécialiste en travel management chez Atlans. Cela permet de prioriser les déplacements qui ont une réelle valeur ajoutée... Le déplacement le plus responsable étant celui que l'on choisit de supprimer, selon l'adage bien connu. Toute la difficulté résulte dans la valorisation de l'immatériel, pourtant déterminante. " Il faut se demander qui est détenteur de cette légitimité. Certaines entreprises vont avoir besoin d'un filtre pour autoriser ou non le trajet ", rapporte Étienne Penaud. Pour Christophe Drezet, consultant manager chez EPSA Groupe, " on peut avoir intérêt à développer un portail qui, selon les réponses du collaborateur, l'aiguillerait vers un choix plutôt que vers un autre. "
D'abord et surtout du bon sens !
Restent à définir, ensuite, des règles visant à diminuer l'empreinte carbone de ses déplacements professionnels. Pour un déplacement dont l'utilité n'est pas avérée, réfléchir à des moyens de substitution comme les web et vidéo conférences est nécessaire. Pour les autres, il convient de diriger ses équipes vers les moyens de transport les moins polluants. Chez Veolia, le train est ainsi obligatoire pour les trajets n'excédant pas trois heures. Il est également plébiscité chez B. Braun Medical : " Depuis 2009, les collaborateurs utilisent de manière autonome le portail KDS qui, grâce à un code couleur, les incite fortement à se tourner vers des trajets conformes à notre politique de voyages d'entreprise ", avance Émilie Pommier, responsable développement durable. Plus globalement, les trajets sans escale et sur des avions neufs, moins polluants, sont à privilégier. De la même façon, la classe économique est préférable, à condition qu'elle s'accorde avec les contraintes individuelles : " Un voyageur de grande taille ou sujet à des problèmes de santé peut-il voyager confortablement en classe économique ? ", s'interroge Étienne Penaud. Dans la même lignée, les transports en commun sont moins énergivores que la voiture, à moins de porter son choix sur des modèles écologiques, comme le groupe La Poste (lire le témoignage dans notre article sur le transport décarboné en page 34). Autre exemple visant à encourager la mobilité durable : B. Braun Medical a proposé, en 2012, à ses collaborateurs du bassin boulonnais de rejoindre la plateforme de Covoiturage.fr.
Côté logements cette fois, on peut choisir de ne cibler que des hôtels se prévalant de l'Écolabel européen. Pour affiner son référencement, Veolia a défini, en 2011, des grilles d'évaluation intégrant des critères "verts". " Les hôteliers sont interrogés sur l'énergie utilisée au sein de leur établissement, la présence ou non d'un double vitrage, d'ampoules LED, d'une extinction automatique des lumières, ou bien encore sur la possibilité ou non de louer des vélos ", cite en exemple Abdelaziz Bougja, chargé de mission chez Veolia.
Accompagner le changement
Mettre l'accent sur la communication et la formation est essentiel pour obtenir l'adhésion des collaborateurs et accompagner le changement. " Si vous les contraignez, cela risque de ne durer qu'un temps, met en garde Étienne Penaud. Mettre à leur disposition des comparateurs en CO2, basés sur les règles établies par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), peut accélérer leur prise de conscience. " On peut aussi prévoir l'organisation de challenges pour motiver les plus récalcitrants. Il ne faut pas non plus vouloir aller trop loin dans sa démarche, au risque de ne pas obtenir l'effet escompté. " Au final, seuls quatre collaborateurs sur les 180 que compte le siège se sont inscrits sur la plateforme de covoiturage. On en a conclu qu'ils n'étaient pas prêts à recourir à de tels services. Courant 2013, l'entreprise va lancer un projet de compensation de ses émissions de gaz à effet de serre sur le territoire français ", témoigne Émilie Pommier. Avoir une politique verte, rappelle Christophe Drezet, " c'est penser en premier lieu à automatiser son processus de réservation avec des outils en ligne. " Pour suivre ses retombées, utiliser des indicateurs extra-financiers est fondamental. " De ce côté-ci, on manque encore
de formalisation. Par exemple, toutes les entreprises n'utilisent pas les mêmes méthodes de calcul
pour connaître leur empreinte carbone ", souligne Christophe Drezet.
ajusté 2012
La définir sans consortium.
La rendre obligatoire.
Ne pas tenir compte de la maturité de ses collaborateurs en matière de développement durable.