Les nouvelles tendances mobilité
Publié par Camille George le - mis à jour à
Après le transport "on demand" et les solutions de mobilité partagée, place aux plateformes de Mobility as a Service (MaaS). Car si les modes de transport explosent, se pose la question de l'accès à cette multitude d'offres.
Alors que le secteur de voyage d'affaires est en passe de vivre une nouvelle révolution technologique, centrée cette fois sur l'expérience client et non sur l'acte de réservation uniquement, on voit apparaître différents modèles qui tantôt se complètent, tantôt se font concurrence. On a par exemple assisté à l'essor très rapide des offres "on demand" avec Uber en figure de proue, puis du "ride sharing" autrement dit des offres de transport partagé avec là encore Uber avec son offre Uber pool mais aussi Via avec Le Cab. A n'en pas douter d'ici quelques années la voiture autonome viendra encore bousculer les codes de mobilité. "Les modes de transports explosent, constate Pierre-Eric Perrin, associé fondateur du cabinet Mawenzi, lors de la dernière conférence AFTM sur les nouvelles mobilités. C'est à la fois une chance et une source de complexité." D'où le glissement logique et nécessaire vers le multimodale.
Après le SaaS, software as a service, et le PaaS, platform as a service, l'heure est donc au MaaS, mobility as a service, dont le but est de proposer une plateforme multimodale pour permettre au collaborateur de bénéficier d'un maximum de possibilités. On peut donc imaginer une plateforme qui demain proposera aussi bien de l'aérien et du rail que de la location de voiture mais aussi de la réservation de taxi ou VTC, du car sharing et pourquoi pas pour les petits trajets urbains de la location de vélos ou trottinettes électriques puisque se développent déjà dans les grandes villes quelques offres de vélos et trottinettes en free floating. Or, offrir plus de choix en termes de mode de transport est une chose, mais encore faut-il assurer l'accessibilité à ces offres. Dans ce contexte, le développement des plateformes MaaS devient un enjeu pour bon nombre d'acteurs du secteur.
Pour le constructeur automobile, cela représente un enjeu énorme. "Face à une décroissance du nombre de véhicules sur les routes, le constructeur ne peut se permettre de louper un contrat flotte. C'est pourquoi en parallèle des projets de développement du véhicule autonome (car les deux sont liés, l'autonomie aussi va transformer l'approche de la mobilité), ils cherchent tous plus ou moins à développer ces plateformes MaaS," explique Pierre-Eric Perrin. Pour le consultant, General Motors est le plus avancé en la matière et fera sans doute figure de pionnier. "Renault Nissan arrivera probablement avec une offre autour de 2021. Quant à Fiat Chrysler, le groupe s'associera plutôt à des opérateurs système pour se concentrer sur le développement et la vente de leur modèle autonome," estime Pierre-Eric Perrin.
Pour les VTC et les loueurs de voiture comme Sixt, l'enjeu est clairement de développer rapidement ce type de plateforme et de se positionner en tant qu'hébergeur. Les transporteurs publics eux feront tout pour rester les partenaires essentiels des villes qu'ils sont aujourd'hui. Car en effet, l'atout majeur de ces plateformes sera de pouvoir proposer un mix large de solutions de transport privé comme public. Le prix des trajets n'en sera que plus challengé d'ailleurs. Les enjeux et les rôles des uns et des autres étant tellement imbriqués qu'il en naîtra vraisemblablement des alliances stratégiques. "Aucun des acteurs n'est à ce jour capable de développer une offre multimodale seul. Ceux qui y arriveront le mieux seront ceux qui développeront des partenariats, juge Pierre-Eric Perrin. On verra les rôles se répartir entre ceux qui se concentreront sur les plateformes MaaS et ceux qui se battront sur les robots taxis car le développement du véhicule autonome ne pourra dans un premier temps qu'être supporté par des entreprises ou collectivités en raison de coûts de fabrication élevés au départ. Les Gafam, eux, se positionneront sur la maîtrise et la gestion de la data, enjeu clé pour la sécurité, la maintenance et la navigation du véhicule autonome."
En tout état de cause, l'apparition de plateformes MaaS risque de redistribuer les cartes sur le marché du travel et représente une menace crédible pour la TMC posant la question de la capacité d'intégration des OBT de tous ces nouveaux modes de transport.
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