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Quelle résilience des supply chains face à la montée des protectionnismes ?

Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à

L'année 2024 a été marquée par une polarisation politique croissante et une montée en puissance des discours protectionnistes. L'élargissement des BRICS à de nouveaux membres comme l'Iran, l'Arabie Saoudite et l'Égypte illustre la volonté de nombreux pays du Sud global de s'affranchir de l'ordre économique occidental. Dans le même temps, les conflits internationaux se sont intensifiés, notamment en Ukraine, au Moyen-Orient et en Asie, perturbant les échanges maritimes et accentuant la fragmentation économique. Panorama des risques macro-économiques et géopolitiques.

2024 est définitivement marquée du sceau de la polarisation politique croissante et en parallèle d'une montée en puissance des discours protectionnistes. L'élargissement des BRICS à de nouveaux membres comme l'Iran, l'Arabie saoudite et l'Égypte illustre la volonté de nombreux pays du Sud global de s'affranchir de l'ordre économique occidental. Dans le même temps, les conflits internationaux se sont intensifiés, notamment en Ukraine, au Moyen-Orient et en Asie, perturbant les échanges maritimes et accentuant la fragmentation économique. "Le retour de Donald Trump synonyme qui va de pair avec la mise en place de tarifs douaniers sur les importations vont perturber les relations commerciales entre les grandes puissances risquent de s'exacerber. Bien évidemment, ces évolutions ont un impact direct sur les chaînes d'approvisionnement, contraignant les entreprises à revoir leurs stratégies logistiques et à diversifier leurs sources d'approvisionnement", analyse Laurent Giordani, associé et fondateur du cabinet Kyu à l'occasion de la restitution du 6e baromètre des risques supply chain en partenariat avec l'AMRAE, l'ASLOG et les Arts & Métiers.

Un protectionnisme qui encourage l'inflation ?

Après une accalmie relative en 2023-2024, l'inflation mondiale pourrait repartir à la hausse en 2025 sous l'effet des nouvelles barrières commerciales et des mesures de rétorsion entre les grandes puissances économiques. Aux États-Unis, l'imposition de droits de douane pouvant atteindre 60% sur certains produits chinois pénalisera les entreprises européennes et impactera directement des secteurs clés comme le luxe, l'aéronautique et l'industrie pharmaceutique. Parallèlement, la flambée des prix des matières premières agricoles, exacerbée par les effets du changement climatique, continue d'exercer une pression sur les coûts de production. Les prix du café, du cacao ou encore de l'huile d'olive ont connu des hausses significatives en 2024, tendance qui pourrait se poursuivre en 2025. En outre, bien que les prix de l'énergie se soient stabilisés, ils demeurent élevés, pesant sur les industries les plus gourmandes en ressources.

Une croissance mondiale sous pression

Dans ce contexte, la croissance économique mondiale devrait rester modeste en 2025, avec un taux attendu d'environ 3%. Les économies avancées devraient connaître une croissance atone, de l'ordre de 1,3% dans l'Union européenne et 2,2% aux États-Unis, tandis que les marchés émergents pourraient atteindre 4,2% sous réserve d'une stabilisation des tensions inflationnistes et monétaires. Les réactions sectorielles varient. Selon l'étude proposée par Kyu, l'industrie automobile, cible de nombreuses mesures protectionnistes, notamment vis-à-vis des véhicules électriques chinois, illustre bien les difficultés que traversent les chaînes d'approvisionnement mondiales. De nombreuses entreprises devront réajuster leurs stratégies industrielles et délocaliser certaines activités pour éviter les hausses de droits de douane.

Le secteur du retail, lui, continue de s'adapter à la réduction du pouvoir d'achat des consommateurs. Le marché de la seconde main devrait atteindre 100 milliards d'euros en Europe, traduisant un changement durable dans les habitudes de consommation. Enfin, le secteur de la construction est en crise, freiné par la hausse des coûts des matériaux et la faible dynamique des investissements publics.

Vers des chaînes d'approvisionnement plus résilientes

"Face à cet environnement incertain, les entreprises doivent impérativement renforcer la résilience de leurs chaînes d'approvisionnement. La diversification des sources d'approvisionnement, la relocalisation partielle des productions et la flexibilité des flux logistiques apparaissent comme des stratégies indispensables pour s'adapter à cette nouvelle donne mondiale", explique Thibaud Moulin, associé chez Kyu, corédacteur de l'étude*.

L'adaptabilité sera un facteur clé de succès pour les acteurs économiques en 2025. Les tensions géopolitiques et les bouleversements économiques récents imposent une transformation profonde des modèles d'approvisionnement. Une approche proactive et agile sera essentielle pour naviguer dans un monde où l'incertitude est devenue la norme.

(*Source : 6e baromètre des risques supply chain du cabinet Kyu, 2025)

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