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Vers de nouvelles dynamiques prescripteurs - acheteurs au pays de l'incertitude?

Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à

La gestion des risques passe par des réflexes métier bien connus. Mais à l'aune de la conjonctuelle actuelle, elle rebat les cartes de la collaboration prescripteur - acheteur, qui, elle, peut amener à de grands bouleversements dans la supply chain de l'organisation, sous peine de perte de compétitivité. L'analyse de Solène Foulard, dirigeante du cabinet Impulsitlity.

La gestion des risques résulte avant tout d'une approche globale. « En supply chain, tout comme en achats, mener à bien une analyse des risques qui commence par cartographier ces derniers garantit la pérennité de l'entreprise», introduit Solène Foulard, experte achats et supply chain et dirigeante du cabinet Impulsility. Cette analyse ne doit pas se limiter aux aspects financiers. Elle doit inclure également une évaluation opérationnelle des fournisseurs ainsi qu'une prise en compte des engagements en matière de responsabilité sociétale (RSE). La diversification des partenaires, qu'elle concerne des fournisseurs de tailles et d'origines variées, est présentée comme une mesure indispensable pour limiter toute dépendance excessive à un acteur ou à une zone géographique donnée. Le double sourcing ou le recours au friendshoring, entendez l'externalisation vers des pays « dits » amis font partie de l'arsenal de l'acheteur approvisionneur comme le souligne l'étude AgileBuyer - CNA de janvier 2024.

Cela étant dit, la cartographie des risques se complexifie à l'aune des tensions commerciales. Les mesures protectionnistes, notamment l'augmentation significative des droits de douane, perturbent de nombreux secteurs. « Un exemple frappant évoqué est celui du Cognac, où les producteurs se trouvent en difficulté, certains flirtant avec la liquidation. Le constat est également partagé dans le secteur technologique, où une hausse rapide des droits de douane impacte directement les exportations vers des marchés stratégiques comme les États-Unis et l'Asie, illustre Solène Foulard. Face à ces bouleversements, les entreprises doivent impérativement repenser leurs flux logistiques. Elles doivent explorer de nouvelles stratégies de sourcing, adapter la localisation de leurs approvisionnements et envisager des collaborations avec des partenaires diversifiés. »

Redéfinir les besoins pour repenser les méthodes de sourcing

Au-delà des ajustements face aux mesures douanières, la nécessité de repenser le mode de conception des produits semble être à l'ordre du jour. L'idée ? Mettre autour de la table prescripteurs et sponsors, avec un modèle de gouvernance où les achats agissent en chef d'orchestre sur la façon de réaligner coûts, marge, RSE et attentes du client final.

Solène Foulard illustre : « Dans le domaine de l'électronique, il est crucial de ne pas se limiter à un choix unique de composant dès la conception d'une carte électronique. Il s'agit plutôt de définir le besoin réel pour pouvoir accueillir plusieurs types de composants, favorisant ainsi une plus grande flexibilité. Ce principe s'étend à d'autres secteurs, comme l'alimentaire par exemple, où la question se pose de savoir si l'emballage traditionnel est indispensable ou s'il pourrait être remplacé par des alternatives adaptées. »

Dans cette optique, l'innovation produit est ici un levier majeur pour anticiper de futures tensions commerciales ou l'impact des nouvelles réglementations, en permettant de redéfinir les besoins de manière plus flexible et en intégrant des alternatives, qu'il s'agisse de revoir le type de composants utilisés ou de repenser les matériaux de base pour certains produits.



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