IA : onze grands groupes s'allient pour tester des cas d'usage dans les achats
Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Identifier dix utilisations de l'IA dans les achats. Tel est l'objectif du cabinet By.O Group à travers une démarche lancée il y a quelques mois. Il a regroupé onze organisations achats privées et publiques pour tester différents cas d'usage. Cette initiative a été présentée lors d'un webinaire dans le cadre des Universités des achats du CNA.
"Une activité qui pouvait prendre deux ans a été traitée en trois minutes grâce à l'IA", s'enthousiasme Olivier Gonbeau, directeur des achats d'Enedis. L'un des fantasmes de l'IA serait-il en train de devenir réalité ? Depuis effectivement18 mois, l'intelligence artificielle (IA) est sous le feu des projecteurs. L'avènement des IA génératives transforme de nombreux métiers, dont les achats. Dans ce contexte, le cabinet de conseil By.O Group a réuni onze directions des achats de grands groupes et d'organisations publiques pour tester des solutions concrètes. « Cette initiative a été menée du mois de septembre 2023 jusqu'en février 2024. Nous avons identifié une quarantaine cas d'usage et en avons mis en application dix qui ont été répartis auprès des participants », détaille Matthieu Magné, directeur associé de By.O Group lors d'un atelier organisé dans le cadre des Universités des achats du CNA. Pour cela, le cabinet s'est appuyé sur Digitalent, une start-up spécialisée dans l'IA « no code ». « Nous avons construit ce partenariat avec Digitalent car elle dispose de plus de 70 algorithmes d'IA sur sa plateforme. Nous ne sommes pas enfermés sur certaines solutions », indique Matthieu Magné.
Synthétiser des contrats
La direction des achats d'Enedis s'est notamment prêtée au jeu pour tester un cas d'usage. « Nous disposons de centaine de contrats d'une centaine de pages. Les acheteurs doivent en réaliser des synthèses », explique Olivier Gonbeau, directeur achats matériel et logistique industrielle chez Enedis. Ces contrats ont été injectés dans l'outil IA qui a réussi à en faire des synthèses. « Cela permet un gain de temps et de productivité considérables. Une activité qui pouvait prendre deux ans a été traitée en trois minutes grâce à l'IA », se réjouit le directeur des achats.
Rédiger des cahiers des charges et sélectionner des fournisseurs
De son côté, la direction des achats du Crédit Agricole a rejoint l'initiative pour utiliser l'IA dans ses achats de prestations d'assistance technique. « Nous voulions voir si l'IA pouvait nous aider à rédiger les cahiers des charges, choisir les bons fournisseurs et fixer les prix », indique Guillaume Duty, directeur de la digitalisation des achats du Crédit Agricole. Pour cela, la direction des achats a alimenté l'outil avec une base de plusieurs centaines de besoins identifiés ces dernières années. « Nous avons réussi à atteindre les objectifs fixés. Ce pilote nous a permis de nous rendre compte du potentiel de ce type de technologie », souligne Guillaume Duty. L'IA générative a permis de générer le cahier des charges d'appel d'offre. « Nous avons également pu prédire le profil qui allait être retenu et la tranche tarifaire », pointe Pascal Corrotti, directeur général adjoint de Digitalent.
L'importance de la donnée
Dans une démarche d'IA, la donnée joue un rôle central et représente la matière première de la technologie. « Dans les achats, il s'agit de contrats, de factures, des données ERP et financières, des informations fournisseurs, etc. Il s'agit de données très variées qu'il faut pouvoir travailler avec un outil », énumère Pascal Corrotti. Reste que la sécurisation des données soulève encore de nombreuses questions. « La DSI groupe nous donne des consignes pour y aller progressivement. Pour nous, la donnée de nos clients est précieuse, nous faisons tout pour la protéger. Si nous avons le moindre doute, nous n'y allons pas », déclare Guillaume Duty. Dans ce contexte, Digitalent a choisi d'installer sa solution chez ses clients afin qu'ils maitrisent le processus en interne. « Nous ne sommes pas en mode saas et nous ne conservons pas les données », assure Pascal Corrotti. Cette démarche expérimentale l'atteste, l'IA devrait révolutionner les achats dans les années à venir. Pour rester dans la course, les directions des achats doivent s'emparer du sujet, tout en maîtrisant au mieux les risques inhérents.