Achats de conseil en panne ou comment s'adapter sans boussole ni compas ?
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
2025 s'annonce comme un cru incertain où les entreprises doivent conjuguer prudence et vision stratégique afin de naviguer dans un monde en perpétuelle mutation. Entretien avec David Mahé, président du Syntec Conseil.
La prudence est de rigueur. Et aux entreprises françaises de cultiver une posture définitivement plus fourmi que cigale. David Mahé, président du Syntec Conseil, dresse un constat de la situation et précise les orientations prises par les organisations en matière d'achats de prestations intellectuelles : « Les projets de développement sont mis en attente ou rééchelonnés". Conséquence directe, les achats de conseil sont fléchés autrement et « les dépenses se recentrent désormais sur des enjeux de productivité et de rationalisation des coûts, plutôt que sur l'innovation ou l'exploration de nouveaux marchés », observe David Mahé.
Des investissements axés sur la compétitivité et l'efficience
La tendance majeure évoquée par le Syntec Conseil ? Celle du report des ambitions stratégiques de transformation. Ce faisant, les entreprises misent principalement sur l'excellence opérationnelle. Les sujets liés à la supply chain, aux opérations et aux gains de productivité prévalent sur les projets d'expansion technologique ou de repositionnement sur de nouveaux marchés. "Sans surprise, la compétitivité est aujourd'hui le projet central des entreprises", souligne le président du Syntec. Gare toutefois, comme le souligne David Mahé de ne pas se créer des oeillères sur des sujets structurants : « cette dynamique ne suffit pas à compenser le manque d'investissement dans des domaines structurants comme l'intelligence artificielle ou l'adaptation aux nouvelles réglementations ESG. "On ne peut pas durablement ne pas prendre en compte les transformations qui sont à l'oeuvre dans l'entreprise".
2025 : une année de transition ?
Alors que 2023 et 2024 ont été marquées par des tensions économiques et une prudence généralisée, 2025 pourrait constituer une année charnière. "Nous sortons d'une décennie de croissance et nous traversons une période de réflexion avant de retrouver un nouvel élan", analyse David Mahé. L'objectif pour les entreprises sera alors de renouer avec une vision stratégique, tout en adaptant leurs modèles aux nouvelles réalités économiques. Dans ce climat d'attentisme. La mise en garde au niveau des directions achats est donc de rigueur, l'expert exhortant en parallèle à une vigilance accrue sur les enjeux liés à l'intelligence artificielle, à la transformation du travail et aux mutations géostratégiques. Tous les secteurs ne sont pas égaux face à cette incertitude. Certains, comme les utilities - entendez production, le trading, la distribution et la commercialisation d'électricité et de gaz ainsi que le traitement de l'eau, les assurances ou les infrastructures, bénéficient d'une stabilité leur permettant de planifier à long terme. En revanche, d'autres, comme la finance, le retail ou le secteur public, éprouvent des difficultés à se projeter dans l'avenir.
En bref, la capacité d'adaptation devient un atout clé. Et si les entreprises réduisent leurs investissements en conseil pour le développement, elles doivent veiller à ne pas perdre de vue les transformations fondamentales à venir. "La vraie question, c'est d'accepter et de ne pas subir les transformations qui créent des opportunités pour les entreprises", conclut David Mahé.