Coûts et fiscalité : ennemis jurés de la souverainté industrielle ?
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Le baromètre de la Souveraineté 2025 par By.O et Cubik vient de livrer ses enseignements : la volonté de réindustrialiser et de gagner en souverainté est entravée par les coûts et l'instabilité fiscale. Explications et mise en perspective.
Un hiatus persiste. Celui entre la volonté de faire et les concrétisations en matière de souverainté industrielle. La quatrième édition du Baromètre de la Souveraineté, réalisée par OpinionWay pour les cabinets de conseil Cubik et By.O, met en lumière les principaux obstacles à la relocalisation des entreprises en France. En d'autres termes, une hausse du sentiment de souveraineté (à 84 %, +2 points par rapport à 2024) contraste avec une tendance à la relocalisation des activités industrielles, qui, elle, marque un net recul.
Les coûts et l'instabilité fiscale au coeur des préoccupations
L'étude révèle que 94 % des entreprises n'envisagent pas de relocaliser en 2025, soit une augmentation de 6 points par rapport à l'année précédente. La dynamique amorcée par certaines grandes entreprises en 2024 (à hauteur de 43 % des entreprises de plus de 250 salariés) s'est brutalement interrompue, chutant à seulement 2 % en 2025 (-41 points).
Le coût de production et de logistique demeure la principale barrière à la relocalisation, cité par 32,5 % des dirigeants (+10 points). Toutefois, la fiscalité et la réglementation prennent une place croissante parmi les obstacles majeurs, atteignant 22,5 % (+10 points). Cette évolution semble liée à l'instabilité fiscale, conséquence des débats budgétaires en France à la suite de la dissolution de juin 2024. Marc Debets, Vice-président non exécutif du groupe Cubik et fondateur du cabinet By.O, décrypte : « Le début d'intentions de relocalisation que l'on a vu du côté des grandes entreprises l'an dernier est stoppé net cette année. Ce sont les coûts et l'instabilité fiscale qui freinent les entreprises. »
L'énergie, un enjeu de coûts plus que de disponibilité
Paradoxe. Malgré l'absence de tensions sur l'approvisionnement énergétique en Europe en 2024, l'énergie reste un sujet d'inquiétude majeur pour les dirigeants. 55 % des entreprises (-7 points) considèrent que l'énergie impactera leurs coûts de fonctionnement ou leur capacité à produire.
Ce facteur devient même la première matière première jugée critique en 2024 (20 % des entreprises, contre seulement 4 % en 2022). Le contexte énergétique en France est comparé à celui des États-Unis, où l'abondance du gaz de schiste permet des coûts plus compétitifs.
L'intelligence artificielle encore absente des enjeux de souveraineté
Pour la première fois, l'étude s'intéresse à l'impact de l'intelligence artificielle sur la souveraineté des entreprises. Ce faisant, seuls 23 % des dirigeants considèrent que l'IA est un enjeu critique et seulement 6 % estiment qu'elle constitue un facteur de dépendance. Cette réticence pourrait s'expliquer par le fait que la révolution annoncée par l'IA ne s'est pas encore traduite par des bouleversements concrets dans les modèles économiques.
L'innovation et la performance opérationnelle, solutions privilégiées
Face aux difficultés évoquées, les entreprises misent avant tout sur l'innovation (63 %) et l'amélioration de leur efficacité opérationnelle (58 %) pour renforcer leur souveraineté et leur compétitivité. Pour les grandes entreprises, cette dernière approche est encore plus marquée (82 % des entreprises de plus de 250 salariés y voient une priorité). Olivier Cornut, Président du Groupe Cubik, insiste sur cette stratégie : « Les entreprises comptent sur elles-mêmes et privilégient l'innovation et l'amélioration de leur performance opérationnelle pour regagner en souveraineté. »
Un contexte fiscal et réglementaire à stabiliser pour favoriser la relocalisation
Si les entreprises françaises affichent une volonté de renforcer leur souveraineté, les résultats du baromètre mettent en avant des freins structurels. Le coût de production et l'instabilité fiscale restent les principaux obstacles à la relocalisation, tandis que les entreprises américaines bénéficient de conditions plus favorables (énergie peu coûteuse, incitations fiscales). Dans ce contexte, les entreprises françaises semblent déterminées à regagner en compétitivité par elles-mêmes, misant sur l'innovation et la transformation de leurs processus internes pour rester dans la course de la souveraineté industriell