Matières premières: Récéssion peut-elle bientôt rimer avec inflation ?
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
À retrouver chaque lundi matin, un point sur les achats de matières premières par Olivier Lechevalier, cofondateur de DeftHedge Software. Une nouveauté sur le site de Décision Achats.
Qu'observe-t-on sur les marchés côté pétrole et métaux précieux ?
Le marché continue de répercuter la décision inattendue de l'OPEP + du week-end dernier de diminuer la production. La Maison Blanche a voulu rassurer en indiquant qu'elle va travailler avec les producteurs de pétrole afin de s'assurer que l'offre de pétrole soit suffisante. Mais cela n'a pas rassuré le marché. Le WTI affiche une hausse en l'espace de cinq séances de près de 9 %. S'ajoute à cela aussi la faiblesse du dollar américain qui a soutenu la hausse des cours. Cette faiblesse s'explique par la saisonnalité (le dollar américain a tendance à fléchir en avril avant qu'un rattrapage n'ait lieu en mai) et par l'accumulation de mauvaises statistiques aux États-Unis (indice ISM manufacturier, indice ISM non manufacturier, enquête sur l'emploi privé ADP) qui ravivent les anticipations de baisse des taux par la Réserve Fédérale américaine au deuxième semestre.
En parallèle, l'accumulation de mauvaises statistiques américaines a renforcé les métaux précieux et en particulier l'once d'or (XAUUSD). L'once a effectué une pointe à 2032 USD avant que des prises de bénéfices n'aient lieu. Il est probable que la trajectoire haussière se poursuive à court terme avec un point haut à 2075 USD (ce qui constituerait un nouveau point haut historique). Le contexte macroéconomique est favorable (incertitude sur la dynamique économique à très court terme).
Quelles conséquences pour les entreprises ?
La hausse du cours du baril de pétrole ne constitue pas en soi un problème pour beaucoup d'entreprises. En début d'année, les analystes ont mis en avant un objectif de prix sur le pétrole autour de 90-100 dollars cette année. Par conséquent, beaucoup d'entreprises ont adopté la couverture appropriée en cas de forte hausse du baril.
La récession est-elle un risque à envisager ?
Il y a une vraie incertitude sur la trajectoire économique. Le thème de la récession fait son retour dans les salles de marché à la faveur des dernières statistiques américaines. Mais c'est encore trop tôt pour savoir si c'est un risque réel. Les statistiques publiées vont publier dans le sens d'un ralentissement de la croissance (et pas d'une récession). Par conséquent, les anticipations de marché sont peut-être erronées, en particulier celles concernant une possible baisse des taux de la Fed en deuxième partie d'année. Il y aura donc un ajustement à un certain stade. À très court terme, la semaine qui commence va surtout mettre sur le devant de la scène l'inflation (avec les prix à la production et les prix à la consommation aux États-Unis en mars). Sauf écart important par rapport au consensus, il est peu probable que cela entraîne d'importants mouvements de prix, en particulier sur les matières premières.