"Des entreprises françaises mieux loties que leurs concurrentes à l'étranger au niveau des prix de l'électricité"
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
L'inflation se poursuit avec de tristes records. Point haut du cacao depuis 44 ans... points hauts historiques également pour les bovins et le jus d'orange. Le tout en attendant El Niño. Malgré cela, les entreprises françaises semblent épargnées sur l'électricité.
Qu'observe-t-on sur les marchés de matières premières ?
Le pic d'inflation est certainement atteint en Europe et aux États-Unis. Mais il y a encore des points de tension. Beaucoup de matières premières sont à des points hauts historiques : les contrats à terme sur les bovins (les steaks vont coûter cher) et le jus d'orange en particulier. D'autres sont à des points hauts depuis des décennies : l'uranium (point haut de dix ans), le sucre (point haut de 12 ans), le cacao (point haut de 44 ans) etc. De son côté, le pétrole est à un point haut de dix mois et les stocks sont à un point bas de quarante ans. Ce n'est pas bon. Tout ceci s'explique souvent par un déséquilibre entre l'offre et la demande, parfois accentué par les conditions météorologiques, et parfois par des restrictions aux exportations.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
Il est probable que l'hiver soit rude. En particulier si on ajoute le risque de crise de l'énergie. Les entreprises françaises sont mieux loties que leurs concurrentes à l'étranger au niveau des prix de l'électricité, avec un prix moyen de 15 centimes par kilowattheures. Mais cela reste supérieur au tarif en vigueur avant la Covid. On constate donc globalement une hausse des intrants qui va se répercuter négativement sur les marges, la capacité à investir et également à embaucher. Nous sommes à un tournant pour les entreprises, en raison de la dégradation de la conjoncture.
Quels sont, selon vous, les points de vigilance à surveiller ?
Nous avons identifié plusieurs facteurs de risque dans les mois à venir comme : la Chine qui exporte de la déflation, le phénomène El Niño qui est tendanciellement inflationniste, l'instabilité sur les taux de change (risque d'intervention directe sur les taux de change par la Banque du Japon et la Banque Populaire de Chine pour freiner la chute de leur devise face au dollar américain) ou encore un possible décrochage de la croissance américaine au quatrième trimestre. Deux éléments pourraient exercer un effet négatif : la reprise du remboursement des prêts étudiants à partir du mois d'octobre et la grève des travailleurs du secteur de l'automobile. En 2019, une grève similaire qui avait duré 40 jours et concerné 46 000 travailleurs avait réduit le PIB américain de 8 milliards $ sur le trimestre. Nous n'en sommes pas encore là. Mais il faut être vigilant.