Pour gérer vos consentements :

Comment dynamiser sa gestion des risques achats ?

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à

La gestion des risques achats est une question centrale dans les entreprises. Les process actuels, encore trop statiques, ne permettent pas d'anticiper aux mieux les crises. Pour gagner en agilité, la mise en place d'une gestion dynamique des risques représente un enjeu clé.

Covid-19, guerre en Ukraine, pénurie de matières premières, hausse du coût de l'énergie... La succession des crises impacte les activités des entreprises. De fait, la gestion des risques est devenue une préoccupation majeure pour la plupart des directions des achats.

Dans ce contexte, le CNA a organisé un atelier le 23 juin 2022 intitulé : "Pour une gestion dynamique des risques achats", dans le cadre des Universités des achats. "Actuellement, nous parlons beaucoup de risque fournisseurs mais ces derniers ne représentent qu'une composante du risque achat", met en garde Marc Sauvage, directeur général adjoint, achats, juridique, immobilier de la région Ile-de-France et vice-président du CNA.

En effet, le risque achat englobe plusieurs éléments dont le risque de compétitivité, d'image, de ventes ou encore de ressources humaines. "Le risque achat est un risque d'écosystème. Cela concerne l'ensemble de la chaîne de valeur de l'entreprise", souligne Frédéric Thielen, président du cabinet de conseil Aristaq.

Pour les deux intervenants de cet atelier, la gestion des risques est aujourd'hui trop statique dans la plupart des directions des achats. Résultat : les entreprises ne sont pas en capacité de réagir lors des crises. "Les directions des achats ont des difficultés dans l'anticipation et la mise à jour de la cartographie des risques", analyse Marc Sauvage.

Un process stratégique

Selon Frédéric Thielen, l'axe fondateur d'une gestion dynamique des achats est le Supply chain network design (SCND). Ce processus vise à définir la localisation des fournisseurs, leurs typologies, la supply chain, etc.

"Cela implique qu'il y ait une personne responsable du SCND dans l'entreprise. C'est un processus stratégique qui s'anime et qu'on ne doit pas laisser dans un placard", affirme Frédéric Thielen. Pour lui, il est également essentiel que les directions des achats s'équipent en outils de captation en continue des flux d'information. "Ce genre d'outils devient assez répandu hors de France. Dans l'Hexagone, nous en sommes encore aux prémices", observe-t-il.

Pour gagner en efficacité, ces outils peuvent également être couplée à des technologies d'intelligence artificielle.

Des freins à lever

Pour mettre en place une gestion dynamique des risques au sein des services achats, plusieurs freins restent encore à lever. "Les acheteurs sont pris dans le quotidien et n'ont pas le temps de faire ce travail de veille. Pour que cela devienne une tâche à part entière, il faut développer une méthode et des outils", indique Marc Sauvage.

De son côté, Frédéric Thielen déplore le fait que les investissements des entreprises en matière d'intelligence économique soient historiquement très concentrés sur la concurrence et les clients. "Il y a un travail d'évangélisation à faire à ce niveau-là auprès des directions générales", estime-t-il.

Un enjeu clé, alors que les directions générales semblent assez ouvertes à la mise en place de ce genre process. "A nous de faire de cette gestion dynamique des risques une véritable opportunité pour faire grandir la fonction achat. Nous avons des DG qui n'attendent que ça", confirme Marc Sauvage.

D'autant que, dans le futur, les analyses des risques exclusivement basées sur les fournisseurs risquent d'être de plus en plus remises en cause. "Il a été démontré qu'avec ce genre d'analyse, il était fondamentalement impossible de prévoir les crises ou de les anticiper ", souligne Frédéric Thielen.

La rédaction vous recommande