[Billet d'humour] Ca y est, je deviens zinzin !
Publié par Firmin de Montalembert le - mis à jour à
Si les fournisseurs médusés ne comprennent toujours pas ce que je leur raconte, je les fixe des yeux sans rien dire, car comme dit le proverbe arabe : "qui ne comprend pas un regard ne comprendra pas mieux une explication".
"Je voudrais pas crever (...) sans qu'on ait inventé les roses éternelles, la journée de deux heures, la mer à la montagne, la montagne à la mer". Bon sang, mais voilà que je me mets à délirer en récitant du Boris Vian (période sombre) !
C'est normal, mes ami(e)s, car figurez-vous que, d'après d'éminents spécialistes, à force de télétravail et de confinements : NOTRE SANTE MENTALE EST MENACEE ! Alors, pour me mettre à la mode, je me suis décidé à tourner zinzin moi aussi. Il faut bien vivre avec son temps...
Ayant déjà des penchants prononcés, les premiers signes ne se sont pas fait attendre (d'autant que j'avais pris la précaution de me mettre un entonnoir sur la tête). Maintenant, je tutoie les fournisseurs direct car, comme disait Prévert, "je dis tu à ceux que j'aime". Dès que je change d'avis en négociation, je leur cite Gainsbourg : "j'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison". Quand les négociations bloquent, forcément, j'en appelle à la désespérance de Cioran: ""Pourquoi nous retirer et abandonner la partie, quand il nous reste tant d'êtres à décevoir ?".
Si les fournisseurs médusés ne comprennent toujours pas ce que je leur raconte, je les fixe des yeux sans rien dire, car comme dit le proverbe arabe : "qui ne comprend pas un regard ne comprendra pas mieux une explication". Et si d'aventure ils comprennent quand même, un petit coup de Lacan pour les déstabiliser : "Si vous avez compris, vous avez sûrement tort !". Si par hasard ils me parlent de leurs difficultés financières, je reste énigmatique tel un Bouddha-des-Achats et leur cite Lao-Tseu : "Quand les gros maigrissent, les maigres meurent" ...
Dès qu'ils trouvent que je vais trop loin dans le détail des clauses d'un contrat, j'en appelle forcément au distingué Céline : "A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul!". Et s'ils me demandent si je suis sûr de moi sur ces clauses, je leur cite Desproges : "La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute". Pour le coup, quand, enfin, les ayant totalement excédés, ils menacent de quitter la table de négociation, un bon vieux coup de Sartre pour leur mettre la pression: "seuls les actes décident de ce qu'on a voulu !".
Ca y est, je suis devenu zinzin pour de bon (tout comme les gens cités plus haut, forcément)! J'ai enfin fait ma révolution culturelle. Mais comme disait Mao : "la révolution n'est pas un dîner de gala".
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