[Billet d'humour] Dérapage au frein à main sur le circuit de signature
Publié par Firmin de Montalembert le - mis à jour à
Alors, qui signe au final ? Qui va passer la ligne de finish ? C'est là où le circuit devient un peu vicieux : la piste devient grasse, comme on dit dans la compétition automobile. Car le signataire final, si ça se trouve, ne partage pas nécessairement le fruit de nos négociations !
Eh oui, mes ami(e)s, quand nous avons fini de négocier un contrat ou un ordre d'achat, il faut le mettre dans le "circuit de signature", comme chacun sait. Mais alors, qu'est-ce que c'est que ce fameux circuit de signature ? Est-ce que ce ne serait-y pas comme Le Mans, avec plein de virages en épingles ?
Le "circuit de signature", c'est quelque chose que nous-mêmes en tant qu'acheteurs, nous n'évoquons que sous le manteau... Dans certaines sociétés que je ne citerai pas par charité, il faut au moins trois personnes (voire plus) pour signer la commande d'une brouette...
On se doute bien que toutes ces personnes doivent se pencher sur le détail du dossier avec grand intérêt, en calculant le diamètre des roues et l'usure des pneus avant de signer... Et bien entendu, avant ça, si le fournisseur de brouettes était tout nouveau, l'autorisation de travailler avec lui était sans doute remontée jusqu'au Siège (le Saint des Saint), où de savants polytechniciens y avaient calculé le nombre de roues et demi par brouette à force de savantes abaques.
Alors, qui signe au final ? Qui va passer la ligne de finish ? C'est là où le circuit devient un peu vicieux : la piste devient grasse, comme on dit dans la compétition automobile. Car le signataire final, si ça se trouve, ne partage pas nécessairement le fruit de nos négociations ! Auquel cas, il a plusieurs options.
Option rationnelle 1 : je demande des renseignements sur cette satanée commande qu'on me demande de signer. Option 2 : je me la mets en bas de pile et on verra bien si quelqu'un relance, car comme disait un ancien Président du Conseil, "il n'est pas un problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout" ! Option 3 (originale) : pour l'anecdote, j'ai connu un président de société qui, quand on lui mettait dans son classeur des commandes à signer, les renvoyaient à son responsable achats après en avoir soigneusement barré le montant, et indiqué en lieu et place le montant qu'il trouvait "souhaitable". Option 4 (super-originale) : refuser tout bonnement de signer. Après tout, l'exemple vient de haut : n'avons-nous pas eu il y a quelques années un Président qui a refusé de ratifier des Ordonnances ?
Alors, le "circuit de signature", instrument de pouvoir ou de collaboration ? Les deux, mon capitaine. Mais comme disait l'autre : avant de négocier en externe, mieux vaut aussi commencer à négocier en interne, ça peut aider à franchir la ligne d'arrivée du "circuit de signature".
Par Firmin de Montalembert.... un directeur achats Groupe anonyme, qui dissimule généralement son espièglerie sous un masque de grand sérieux
Lire les précédentes chroniques de Firmin:
"Argent : trop cher, trop grand" - 1er épisode
"Argent : trop cher, trop grand" - (suite et fin)
Tête-à-queue sur le circuit Paul Ricoeur
Si seulement Ricardo avait eu des cotons tiges recyclables...
Ma stratégie est plus grosse que la tienne
Les achats: un métier de Petits Princes sous thérapie ?
Achats et compléments d'objets indirects
Allô docteur : j'avais peur d'avoir une MST, j'ai juste un RJ