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Risques fournisseurs RSE : stratégie gagnante chez CGI ?

Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le

Lors d'une table ronde dédiée aux risques RSE des fournisseurs organisée par le CNA le 28 janvier, Olivier d'Ervau, Solution Consulting Associate chez EcoVadis, et François Schöpfel, Procurement Manager chez CGI, ont partagé leur vision et expérience et ainsi détaillé les stratégies mises en place au sein de CGI en matière de risques fournisseurs RSE. Structuration et anticipation sont les maîtres mots qui guident une gestion efficace et conforme des achats responsables.

Contexte. La gestion des achats représente un volume de 15 000 fournisseurs et environ 2,5 milliards de dollars canadiens dépensés chaque année. L'intégration de ces critères dans la politique d'achats repose sur trois piliers. « Il y a d'abord un engagement de fond, intrinsèque à notre ADN. Ensuite, c'est un impératif business : nos clients nous demandent des comptes sur nos pratiques ESG. Enfin, le cadre réglementaire nous fait évoluer et structurer nos actions », explique-t-il.

Cartographier les risques pour mieux agir

Avec 15 000 fournisseurs à gérer, l'enjeu pour CGI est de définir des priorités claires. « Nous avons conçu une cartographie des risques qui nous permet d'identifier en temps réel nos fournisseurs les plus à risque et d'adapter nos actions en fonction de leur profil », détaille François Schöpfel. Ce processus repose sur plusieurs étapes. En amont, CGI utilise IQ+, une solution développée par EcoVadis, qui fournit un premier niveau d'évaluation basé sur l'industrie et la zone géographique du fournisseur. Cette approche est complétée par un questionnaire interne de 19 questions, destiné aux nouveaux fournisseurs. « L'idée est d'avoir une première vision macro des risques grâce avant d'affiner avec des données plus précises », précise Olivier d'Ervau. Lorsque des risques sont détectés, CGI déploie EcoVadis Vitals, un questionnaire plus détaillé permettant d'évaluer la maturité ESG du fournisseur. « Ce qui est intéressant avec Vitals, c'est qu'il est gratuit pour le fournisseur. Cela évite les freins liés aux coûts et encourage une participation plus large », ajoute-t-il. En cas de risque avéré, CGI demande alors au fournisseur concerné de réaliser une évaluation complète EcoVadis, suivie d'un plan d'action correctif. « Nous avons conscience que tous nos fournisseurs ne partent pas du même niveau, mais l'important est de les accompagner dans une dynamique de progrès », insiste François Schöpfel.

Intégrer l'ESG dans toutes les étapes du processus d'achat

Loin d'être un simple contrôle ponctuel, la gestion des risques RSE chez CGI s'intègre dans toutes les étapes du processus achat. « On a commencé en 2017 en intégrant progressivement des critères ESG dans nos appels d'offres. Cela a pris du temps pour sensibiliser et convaincre, mais aujourd'hui, c'est une évidence », raconte François Schöpfel. Au-delà de cette première brique, CGI a renforcé la prise en compte des critères ESG dès la sélection des fournisseurs. « Nous avons mis en place un processus rigoureux avant toute collaboration. Chaque nouveau fournisseur est soumis à une revue diligente, et nous analysons son engagement ESG avant de valider son intégration », précise-t-il. Des initiatives spécifiques sont également menées en fonction des zones géographiques et des réglementations locales. Par exemple, CGI a lancé une campagne dédiée à la région Asie-Pacifique, identifiée comme plus à risque sur certains aspects ESG, ainsi qu'une initiative spécifique au Royaume-Uni en lien avec le Modern Slavery Act.

Une gouvernance structurée pour assurer un suivi efficace

Pour garantir la pérennité de sa stratégie RSE, CGI s'appuie sur une gouvernance bien définie. « Nous avons structuré notre organisation avec une direction des achats globale, épaulée par des partenaires d'affaires dédiés à l'ESG au sein de chaque unité géographique », explique François Schöpfel. Ces équipes se réunissent toutes les deux semaines afin de suivre les évolutions et coordonner les actions. Un comité des directeurs exécutifs ESG joue également un rôle clé dans la définition des orientations stratégiques. « L'objectif de ce comité est de s'assurer que nous restons alignés avec nos ambitions. Il nous permet aussi de décider où placer nos efforts : devons-nous insister sur l'environnement ? Sur l'éthique ? Sur certaines zones géographiques ? », détaille-t-il. Pour accompagner cette transformation, CGI a misé sur la formation interne. « Tous nos acheteurs sont invités à suivre au moins une formation par an sur EcoVadis Academy. Cela leur permet de mieux comprendre les enjeux ESG et d'intégrer ces critères dans leur travail au quotidien », précise-t-il.

Des résultats concrets : une amélioration significative du score ESG

L'ensemble de ces efforts a porté ses fruits. En trois ans, CGI a vu son score en achats responsables passer de 60/100 en 2021 à 90/100 en 2024 dans l'évaluation EcoVadis. « Cette progression montre que nous avons su structurer nos actions et surtout que l'ESG est devenu un véritable moteur de performance pour CGI », se félicite François Schöpfel. Olivier d'Ervau souligne l'impact d'une telle démarche : « CGI est un exemple d'entreprise qui a su combiner rigueur et pragmatisme pour intégrer l'ESG dans sa stratégie d'achat. Ce n'est pas seulement une question de conformité, mais bien une opportunité pour créer de la valeur sur le long terme. » Et François Shcöpfel de conclure : « L'ESG n'est plus une option, c'est une nécessité. Il s'agit désormais de se demander comment bien faire les choses, plutôt que de se poser la question de savoir si on doit les faire. »

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