Travel et changement climatique : des actions pertinentes ?
Publié par La Rédaction le | Mis à jour le
Les universités d'Airplus se sont tenues au Jardin d'Acclimatation le 8 septembre dernier. A cette occasion, plusieurs intervenants de marque ont tenté de répondre à la question suivante : « Comment l'industrie du voyage d'affaires peut faire face au dérèglement climatique ? ». Condensé des verbatims à retenir de l'événement et focus sur les start-up à surveiller sur le sujet.
Pour cette 16ème édition d'Univ'Airplus, Julie Troussicot, Directrice Générale d'AirPlus France, ouvre par un propos plus que dans l'air du temps: « le temps presse. Les enjeux climatiques imposent aux entreprises d'accélérer la décarbonation de leurs voyages d'affaires. En se déplaçant moins ? Oui, la question mérite d'être posée, sans tabous. En se déplaçant mieux ? Oui, des leviers existent, encore faut-il les actionner, là encore sans tabous. Voyageurs, travel managers, acheteurs, dirigeants, fournisseurs : nous sommes tous concernés, et notre engagement doit être à la mesure du défi immense qui nous attend. Pour une nouvelle grammaire du voyage d'affaires. Pour la planète. Pour notre bien commun. »
Parmi les différentes prises de parole, celle de François Siegel, co-fondateur de GS Presse et de We Demain a mis en exergue plusieurs chiffres inquiétants : Nous sommes avec les Etats-Unis, les champions du monde du climato- négationniste avec 13% de la population selon une étude de l'OCDE. Un tiers des Français pense également que le réchauffement climatique n'est pas directement lié à l'activité humaine. Face à ces chiffres, le propos de François Siegel s'est voulu plutôt alarmiste. Digest : « La sobriété est peut-être déjà passée de mode, et beaucoup se demande comment passer l'hiver. La décroissance semble inéluctable... ».
L'innovation pour sauver la planète ?
Lise-Hélène Cortes, associée chez Time for the Planet, association a présenté le concept éponyme qui aujourd'hui a levé 12,5 millions d'euros pour financer des entreprises innovantes dans la lutte face au réchauffement climatique. (Chiffres d'avant la levée réalisée par ZEvent). Cette dernière a présenté six projets dédiés à la lutte contre le dérèglement climatique. Parmi ces projets, Beyond the Sea propose un concept de traction par cerf-volant de porte-conteneurs. Carbon Time, bénéficie d'une levée d'1,5 millions d'euros pour transformer des Gigatonnes de CO2 en roche. Leviathan Dynamics souhaite industrialiser sa façon de produire du froid. En d'autres termes, le but de ce projet est de créer un climatiseur sans gaz fluorés (HFC). Ces réfrigérants dangereux et polluants seraient remplacés par de l'eau. La jeune pousse Cool Roof, quant à elle,développe une peinture réflective pour lutter contre la chaleur dans les bâtiments sans recourir obligatoirement à la climatisation. La promesse de Shyva ne manque pas d'ambition, industrialiser la production d'hydrogène vert. Enfin, la start-up Aredox entend apporter une véritable réponse au stockage massif de l'électricité.
La révolution du secteur des CHR
Brune Poirson, DG Développement Durable - Groupe ACCOR est ensuite intervenue sur la mue du modèle d'affaires du Groupe Accor qui transite aujourd'hui d'une logique de standardisation et d'économie d'échelle à une nouvelle logique de déstandardisation des hôtels, d'intégration au tissu économique, social et environnemental. Oubliez "le blues du businessman" qui "voyage dans tous les Hilton de la Terre". Le mot d'ordre est de concilier le global et le local. En bref, la proximité, le sur mesure, et la formation sont de rigueur sur les nouvelles façons d'envisager ces espaces de haltes transitoires, tels des espaces de vie durables.
Décarboner l'avion, mission impossible ?
A cette question sensible, les deux invités de ces universités ont soulevé des pistes de réflexion et chantiers en cours réalisés par Supaero Décarbos, Air France ou encore le Shift Project. Durant cette demi-heure, le bras de fer entre Grégoire Carpentier, Chef de projet du rapport et co-fondateur du collectif Supaero Décarbos et de Vincent Etchbehere, Directeur du developpement durable et des nouvelles mobilités chez Air France n'a pas vraiment eu lieu. Au contraire, les deux experts se sont entendus pour exprimer le vaste chantier qu'était la décarbonation du fret aérien. Retenons malgré tout une statistique : Celle du 1% de voyageurs qui agrègent 50 % des émissions de CO2 selon une étude suédoise de l'université de Linnaeus, et citée en primeur par le Guardian ... Cela dit, le Directeur du développement durable chez Air France pointait les actions de la compagnie vers trois leviers de décarbonation : l'écopilotage, le remplacement de la flotte actuelle par une flotte plus propre et enfin les SAF, ces fameux carburants durables. Seul hic au tableau, malgré ces bonnes résolutions, deux projections qui pourraient poser problème à moyen terme: la quantité d'énergie requise pour produire du carburant plus vert et surtout, un trafic aérien qui devrait doubler d'ici 2050...
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