[Trophées] Michel Grévoul ou l'architecte des Achats de l'Etat

Michel Grévoul, qui a longtemps exercé dans la finance, a d'abord structuré les achats de la ville de Paris avant de s'attaquer à ceux de l'Etat qu'il pilote depuis 2014 et pour lesquels il construit un modèle mixte, en développant les marchés régionaux en parallèle des marchés nationaux.

Quel diable d'homme que celui qui a imprimé sa patte sur tous les Achats de l'Etat! Un travailleur acharné et un financier dans l'âme qui débute en 1990 à la direction des finances de la mairie de Créteil en tant que responsable de la gestion financière, après un DESS administration locale (option finance), en complément d'une maîtrise en droit public. A partir de 1992, et durant 11 ans, il travaille pour la direction des marchés de capitaux de la Société Générale en tant que responsable commercial produits dérivés de taux et structurés pour le secteur public, puis commercial senior pour les grandes entreprises. "De cette époque, je retiens la créativité et la réactivité dont il fallait faire preuve pour trouver des solutions à nos clients en s'adaptant aux spécificités de chacun, avec des exigences en termes de couple sécurité+ performance", relate-t-il. Il repart ensuite dans le public pour ne plus jamais le quitter, passant d'une "logique commerciale pour les entreprises à une logique d'intérêt général", non sans bonheur. "C'est porteur de sens", admet-il.

En 2003, il est nommé responsable de la gestion financière de la mairie de Paris, avec "mission d'appliquer ce qu'il a appris dans le secteur bancaire au profit de la ville capitale", puis, en 2008, il est nommé chef de projet, chargé de la création d'une direction centrale des achats. Il doit alors développer les bonnes pratiques achats et les diffuser au sein d'une collectivité dont chaque direction - il y en avait alors 21 - achetait séparément. Michel Grévoul propose ensuite au maire de l'époque, Bertrand Delanoë, de travailler sur la création d'une direction centrale des achats à la mairie de Paris. "J'ai défendu l'idée que mutualiser les achats, développer les compétences des acheteurs et les professionnaliser avait du sens". Le projet est validé en 2009 , qui voit la création de la direction achats de la ville dont il prend les manettes. Le décideur étend la couverture achats petit à petit, des fournitures et services à tous les achats, dont les achats de travaux - "qui ont une dimension technique importante" et pour lesquels sa direction attire des ingénieurs.... "Ils se sont rendus compte que le métier d'acheteur est transversal et passionnant, avec une dimension marquée d'action dès l'amont des projets à l'interface du technique, du financier et du juridique", commente-t-il, Très tourné vers l'optimisation des ressources financières, le directeur achats n'en était pas moins soucieux, déjà, de développer la part des PME dans les achats de la ville ainsi que des critères environnementaux et des clauses sociales dans les marchés. "C'était une vraie volonté du maire".

Développer la part des achats auprès des PME

En 2014, il rejoint l'Etat comme directeur du service des achats de l'Etat. Avec une grosse feuille de route: "j'avais un an pour faire un bilan complet des forces et faiblesses du système et rendre un rapport proposant une nouvelle gouvernance des achats de l'Etat pour plus d'efficacité", raconte Michel Grévoul. Rapport remis au premier ministre, Manuel Valls, et qui donne lieu, en mars 2016, à la création de la Direction des Achats de l'Etat (DAE). A la tête de ce vaisseau amiral, Michel Grévoul pilote la réforme des achats de l'Etat, promeut une nouvelle organisation et gouvernance, - la DAE définissant et mettant en oeuvre la politique des achats de l'Etat avec un périmètre d'action qui englobe les ministères et les établissements publics de l'Etat-, qui repose sur une grande concertation impliquant tous les acteurs engagés.

Outre la professionnalisation, l'optimisation et la digitalisation des achats ainsi que le service rendu en interne, Michel Grévoul est plus qu'attentif à développer la part des achats auprès des PME, sur tout le territoire. C'est ainsi qu'il développe les plateformes régionales (PFRA) chargées d'allotir les marchés publics de l'Etat afin de les rendre plus accessibles à une myriade de petites entreprises, ou qu'il a lancé successivement une "bourse à la cotraitance" pour les PME dès 2016 et un guichet unique des achats de l'Etat, fin 2018. De ce (très) gros bébé (31Mds d'achats), qui permet de faire connaître à toutes les entreprises la programmation des marchés à venir de l'Etat, d'échanger de manière fluide avec des acheteurs, de candidater à des marchés publics totalement dématérialisés (plateforme des achats de l'Etat appelée "Place"), il peut légitimement être fier, "comme peuvent l'être tous les professionnels de l'achat passionnés par leur métier à la DAE, dans les ministères et les établissements publics de l'Etat, tous acteurs de l'atteinte sur la durée des objectifs fixés par le Gouvernement à l'écosystème achat de l'Etat", souligne-t-il.

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