Les achats ont du mal à prendre le virage du digital
Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
La 4e édition de l'enquête Acxias et Ressource Consulting sur les achats indirects et digital souligne la montée en puissance de la transformation digitale des entreprises. Une évolution que la direction des achats a parfois du mal à suivre.
L'agence de digitalisation des achats Acxias et le cabinet Ressource Consulting, dédié aux recherches d'économies dans les achats indirects, viennent de publier la 4e édition de leur enquête dédiée aux achats indirects et digital.
Basée sur un questionnaire en ligne auquel ont répondu 85 professionnels (dont 32% de directeurs achats et 21% de responsables achats indirects), cette enquête sonde les pratiques d'entreprises de toutes tailles et de tous secteurs en termes d'achats indirects.
Montée en puissance des systèmes d'information
Première évolution à laquelle on assiste à travers la nouvelle édition de cette enquête : les systèmes d'information et télécom se hissent à la première place des catégories d'achats indirectes les plus importantes pour les entreprises. Citée par 59% des répondants, cette catégorie des systèmes d'information et télécoms devance les flottes de véhicules (58%) et les dépenses d'investissement (51%). "La transformation digitale des entreprises se perçoit dans les achats", analyse Bertrand Gabriel, directeur général d'Acxias. En effet, une large majorité des répondants semble avoir pris conscience qu'il est nécessaire de se positionner sur cette catégorie.
Manque d'influence des achats sur les SI
Une prise de conscience d'autant plus nécessaire que la direction achats a encore peu d'influence sur cette catégorie des systèmes d'information et télécom. En effet, l'enquête souligne que "les systèmes d'information est un domaine technique sur lequel la DSI et les directions métiers gardent souvent largement la main".
Arnaud Perrin, associé fondateur de Ressource Consulting, analyse ce manque d'influence des achats sur les SI par un manque de compétences."La DSI veut en face d'elle quelqu'un qui parle le même langage. Or, les acheteurs qui ont un vernis informatique sont rares et la DSI fait la plupart du temps le choix d'intégrer les achats à ses équipes", constate-t-il, rapportant qu'un acheteur qui a des compétences informatiques trouve une place immédiatement et à des niveaux de salaires 10 à 15% supérieurs à un acheteur classique.
Si les systèmes d'information ne sont pas leur domaine, les acheteurs professionnels disent par contre avoir de l'influence sur les flottes de véhicules (59%), les voyages et déplacements (49%) et le facility management (48%).
Retard sur la digitalisation
Si les professionnels des achats ont du mal à participer à la digitalisation de leur entreprise, ils sont également en retard sur la digitalisation de leur propre direction. L'enquête révèle en effet que, pour les achats indirects, moins de 4 répondants sur 10 indiquent disposer d'une solution d'e-procurement, et un sur trois une solution d'e-sourcing. Par ailleurs, seulement un quart du panel utiliserait une solution de gestion des fournisseurs.
Un vrai désir de se digitaliser
Pourtant, la digitalisation permettrait aux professionnels des achats de gérer plusieurs de leurs problématiques : les répondants à l'enquête disent rencontrer des difficultés en termes de fragmentation et de taille de la base fournisseurs (68%), de contrôle de certaines catégories (62%) et d'achats sauvages (55%). Ils déclarent également avoir une charge de gestion trop élevée.
"La digitalisation leur permettrait d'homgénéiser les processus, de canaliser le flux d'informations, etc... Il y a un vrai potentiel d'optimisation", pointe Bertrand Gabriel qui rappelle qu'avec le cloud, se digitaliser est moins coûteux qu'auparavant. Les répondants ont d'ailleurs exprimé un vrai désir de se digitaliser : nombre d'entre eux ont indiqué vouloir investir dans ce domaine ou optimiser leur système d'information existant. Les principaux axes de ces projets : l'e-procurement, la gestion des contrats et la facturation électronique. "Cette prise de conscience de l'amélioration des systèmes d'information est salutaire car les achats c'est avant tout de l'information", conclut Bertrand Gabriel.