ERP : Cloud or not Cloud ?
Publié par MATHIEU NEU le - mis à jour à
Telle est la question. Jusque là peu envisagée en raisons de craintes relatives à la sécurité, l'ERP dans le Cloud est une alternative qui semble avoir de l'avenir. Les réticences ont de moins en moins de raisons d'être, même si les enjeux diffèrent selon les secteurs d'activité.
Dans un rapport publié en 2015, le spécialiste des solutions de télécommunications Verizon soulignait que 88 % des sociétés qui ont migré leurs charges de travail stratégiques dans le Cloud constatent une amélioration de la réactivité en réponse à leurs besoins, et 65 % estiment que les opérations sont globalement plus satisfaisantes. De là à oeuvrer avec un ERP entièrement dans le Cloud, il reste un pas important à franchir. Mais l'idée fait peu à peu son chemin. Selon le cabinet Gartner, 14 % des ERP installés aujourd'hui résident sur des serveurs distants en mode Cloud. Et le chiffre grimpe année après année.
Les réticences semblent toutefois légitimes. " La principale difficulté pour les entreprises est d'être convaincues que les données mises dans le Cloud le sont en toute sécurité, car qui dit ERP dit informations stratégiques. Il s'agit en quelque sorte pour les systèmes de faire leurs preuves sur la durée. A partir du moment où la gestion des achats, du commerce ou d'autres tâches se font dans le Cloud en toute sécurité, on accepte de franchir le pas plus globalement ", indique Cédric Guillouet, Associé Achats & Supply Chain au sein du cabinet de conseil Althea, spécialisé dans l'accompagnement des fonctions transverses de l'entreprise. Les mêmes hésitations existaient par le passé avec des solutions installées " On Premise " qui aujourd'hui se trouvent massivement dans le Cloud.
" Les réticences actuelles existantes s'expliquent aussi par d'autres raisons : mettre l'ERP dans le Cloud revient à mettre en cause un certain nombre de développements internes dont les DSI sont en charge, ce qui a pour effet de faire perdre du pouvoir et de l'importance à ces dernières. Il s'agit alors d'une raison non plus stratégique ou technologique mais relative à la politique interne de l'entreprise ", poursuit Cédric Guillouet.
Un atout de poids
Logé dans le Cloud, un ERP est synonyme d'usage à moindre coût, car on évite ainsi l'investissement initial assez lourd pour se doter d'un tel système. Chez l'hébergeur, les dépenses relatives à l'ERP se retrouvent partagées, mutualisées. L'alternative devient de ce fait attractive en terme de coûts. " La tendance de fond est que les applications informatiques valent de moins en moins chères, alors même que le bénéfice qu'elles apportent est très important. C'est d'autant plus vrai avec les ERP où une solution en mode SaaS revient moins chère qu'un ERP classique, et plus efficace pour interconnecter l'ensemble des personnes en entreprise. Ces solutions sont donc globalement plus compétitives à l'heure actuelle ", souligne Cédric Guillouet.
Certains domaines d'activité sont plus enclins que d'autres à franchir le pas. " L'ERP dans le Cloud se prête bien aux organisations où ce qui importe est davantage la rapidité d'exécution, que l'information en soi. La grande distribution par exemple y trouvera assez facilement son intérêt ", constate le spécialiste. A l'inverse, la tendance est nettement moins marquée dans l'industrie de façon générale, où les informations stratégiques sont présentes en nombre. " On imagine bien que dans le secteur de la défense ou de l'énergie, confier ses données privées à un tiers est une démarche délicate, en dépit de l'avantage économique qu'elle représente ", précise Cédric Guillouet.