Blockchain: quelles applications pour les achats?
Publié par Camille George le | Mis à jour le
La blockchain tout le monde en parle mais dans le BtoB personne n'ose encore s'y frotter. Il faut d'abord comprendre et dompter la bête.
Que se cache-t-il derrière cet énième anglicisme de blockchain? Ses défenseurs voient en elle un outil révolutionnaire pour les achats et plus généralement les relations btob, ses détracteurs la perçoivent plutôt comme une espèce de pieuvre indomptable. La Conférence sur les achats indirects organisée par Acxias et Ressource Consulting fût l'occasion de redonner une définition objective de la blockchain.
Pour faire simple, il s'agit d'une technologie qui peut être assimilée à un immense livre de comptes décentralisé. Toute transaction y est tracée, horodatée, signée et visible par les acteurs du réseau. La particularité est qu'une fois validée, la donnée n'est plus ni modifiable ni effaçable.
Trois modèles de blockchain existent :
- La blockchain publique, comprenez un réseau ouvert à tous, tous les noeuds de la chaîne sont accessibles, pas de barrière d'entrée.
- La blockchain privée, réservée à un nombre limité de participants, le gérant de la chaîne peut modifier le protocole quand il le souhaite et personne ne peut participer sans autorisation. L'intérêt est limité puisqu'elle ne fait pas le lien entre les acteurs.
- La blockchain de consortium est un mix entre privé et public, elle regroupe plusieurs acteurs, certains noeuds peuvent être rendus publics tandis que d'autres restent privés, chaque acteur choisissant ce qu'il veut partager.
Pour les achats plusieurs applications de la blockchain sont envisageables. Elle peut être utile dans la traçabilité de la supply chain, au niveau des smart contract et ainsi permettre de gérer le risque fournisseur et elle pourrait permettre de gérer les paiements sans passer par un tiers de confiance (comprenez les banques). "Le smart contract présente un intérêt pour optimiser les délais de paiement des petites structures qui ont besoin de trésorerie et ainsi faciliter les relations avec les start-up. Cela pourrait aussi nous aider à sécuriser, certifier le sourcing de prestations intellectuelles notamment, énumère Vincent Cochinard, responsable des achats, direction des achats groupe Crédit Agricole. Mais quid de la propriété intellectuelle et comment la gérer? La question juridique se pose et c'est encore l'inconnu."
La piste la plus simple d'application de la blockchain est en effet de l'utiliser pour sécuriser le transfert d'informations fournisseur. "Cela pourrait devenir une solution e-achats supplémentaire", souligne Vincent Cochinard. Et c'est d'ailleurs l'un des trois cas d'usage concret sur lequel travaille Schneider Electric. "Nous avons mis en place une blockchain de consortium sur la partie outboarding des fournisseurs", précise Joël Aznar, en charge de la gouvernance des données achats chez Schneider Electric. La blockchain vient bousculer les process achats. "Nous serons sans doute plus nombreux en 2018 à la tester sur des points précis, petits morceau par petit morceau mais nous sommes encore loin d'un déploiement massif, une phase d'incubation est nécessaire", estime Joël Aznar.