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Lafarge Holcim a développé une entité dédiée à la valorisation des flux de production

Publié par Camille George le | Mis à jour le

Au niveau des achats, plusieurs initiatives ont été menées, dont le plus novateur est le travail effectué sur les matière premières nécessaires à la fabrication du ciment.


Malgré l'actualité brûlante de ces dernières semaines concernant les activités financières du groupe en Syrie (et sur lesquelles nous ne reviendrons pas, l'affaire étant en cours), on peut porter au crédit de LafargeHolcim un travail intéressant sur le cycle de vie des ­produits, la valorisation des déchets et la substitution de matières premières. D'une manière générale, LafargeHolcim poursuit une politique RSE groupe que chaque pays devra mettre en oeuvre à horizon 2030 sur l'ensemble des leviers. Au niveau des achats, plusieurs initiatives ont été menées, dont la définition d'un code de conduite des affaires, ou la révision de l'évaluation des fournisseurs critiques intégrant des critères RSE sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Mais le plus novateur est le travail effectué sur les matières premières nécessaires à la fabrication du ciment.

Deux axes sont développés : l'activité d'une cimenterie étant fortement consommatrice d'énergie, le premier axe est d'utiliser une plus grande part de combustibles non fossiles. LafargeHolcim y arrive en valorisant énergétiquement ses déchets.

"En 2017, la révision du schéma industriel nous a conduits à arrêter certains fours. Nous avons donc cherché à utiliser les déchets que nous ne brûlons plus", explique Luc Jeanneney, directeur achats pour les activités opérationnelles du groupe en France. Le deuxième axe est de réutiliser non l'énergie du déchet mais la matière elle-même en tant que composant de substitution aux matières premières vierges. Les fours d'une cimenterie sont capables de calciner des déchets à 2 000°C. La cendre produite est essentiellement constituée de calcaire et de silice, minéraux utilisés dans la fabrication du ciment. "Nous avons cherché à caractériser le produit dans sa composition pour voir quels types de ressources revalorisées pouvaient remplacer la matière noble", détaille Luc Jeanneney. Une entité spécifique, Geocycle, a donc été créée pour détecter de nouveaux flux de matière, mener des tests d'impact et procéder à l'homologation de ces derniers, le ciment et le clinker étant des produits normés.

Cosses de riz et billets de banque

Geocycle travaille en lien étroit avec les achats, chacun dans son domaine de compétences. Ainsi, la valorisation du produit est gérée par les achats, la valorisation des déchets par Geocycle. "Nous complétons l'équipe achats sur la partie sourcing pour la valorisation des déchets, indique Nicolas Meyre, directeur écologie industrielle de Geocycle. Le process historique du sourcing a donc évolué pour passer de l'utilisation de flux de matières premières vierges à la valorisation autant que faire se peut de déchets, sous-produits ou matières primaires secondaires."

Le cimentier a ainsi commencé à valoriser des déchets pétroliers en France en provenance des États-Unis et du Venezuela en travaillant le Petcoke, mais aussi, par exemple, des cosses de riz impropres à la consommation humaine ou animale en Indonésie, ou encore des rebuts de fabrication tels que les billets de banque mal imprimés. "Pour chaque déchet, nous avons développé des savoir-faire spécifiques", précise Nicolas Meyre. En 2016, 640 000 tonnes de déchets ont pu être valorisées sur la France.

Tout l'enjeu est d'arriver à maintenir la pertinence économique des flux. Pour cela, le groupe s'appuie sur l'économie circulaire. "Nous avons des partenaires qui nous apportent des flux à valoriser contre une contribution qui sera toujours inférieure au coût de mise en décharge. Suivant la nature du flux , le cimentier est rémunéré pour son travail de valorisation, mais il peut aussi se mettre en place un jeu d'équilibre budgétaire, propre à la loi de l'offre et de la demande, relate Nicolas Meyre. Les principaux freins au développement de filières pérennes restent donc la volumétrie et le manque de souplesse de la législation française sur la valorisation de déchets induisant une charge administrative lourde."

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