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Motorisations : faut-il passer à l'essence ?

Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à

Rejets de polluants, tricheries sur les consommations... le diesel est sous le feu des critiques alors que, dans le même temps, les moteurs essence n'ont jamais été aussi performants. Est-ce suffisant pour le délaisser au profit du Sans plomb 95 ? Éléments de réponse.

Lentement mais sûrement, le diesel perd du terrain. Avec 53,8 % des immatriculations en février 2016, le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) enregistre, mois après mois, un rééquilibrage des volumes de ventes dont profitent les autres motorisations, particulièrement l'essence. Une tendance qui touche aussi les entreprises. "Aujourd'hui, nous constatons une diversification des énergies au sein des flottes mais pas de renversement de tendance", observe Barbara Gay, directrice du consulting d'Arval France. Si le diesel tient bon, c'est grâce à une fiscalité avantageuse à l'achat puisque les entreprises récupèrent la TVA.

Impossible d'en faire autant avec les véhicules à essence malgré une tentative en ce sens lors du vote de la dernière Loi de finances rectificative. Malgré ce handicap fiscal, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à intégrer dans leurs flotte des modèles qui roulent à l'essence, comme le constate Guillaume Maureau, directeur général adjoint commerce d'ALD Automotive : "Notre flotte en LLD était composée à 97,6 % de diesel en 2013 alors que nos livraisons de janvier 2016 n'en comptent plus que 91 %". Depuis la fin de l'année, son parc vient de passer la barre, certes symbolique, des 3 % de véhicules à essence.

Tourbillon "vert"

Comme l'électrique ou l'hybride, l'intérêt pour l'essence est porté par un contexte environnemental économique et réglementaire de plus en plus défavorable aux véhicules les plus polluants. "Aujourd'hui, les entreprises sont à la croisée d'un certain nombre d'écosystèmes avec la transition énergétique, l'obligation de créer des plans de déplacement d'entreprises, la rationalisation des politiques d'attribution des véhicules et la recherche de productivité, analyse Barbara Gay. C'est une réflexion sur la mobilité globale en entreprise que nous accompagnons." Depuis la loi de transition énergétique du 17 août 2015, les gestionnaires de flottes craignent que les salariés se retrouvent un jour bloqués aux portes de Paris et des grandes métropoles au volant de leurs véhicules diesel. La loi permet en effet aux élus de restreindre la circulation en invoquant des critères environnementaux et la maire de Paris n'a pas fait mystère de ses intentions à ce sujet.

Sans avoir attendu, l'industrie automobile joue les bons élèves avec de nouveaux moteurs à essence qui ont un appétit d'oiseau avec des consommations voisines de cinq litres aux cents kilomètres. Comme le mesure Olivier Valladeau, responsable de la flotte de Natixis : "Avec l'augmentation de la demande, les constructeurs ont optimisé les rejets de CO2 et les consommations des moteurs essence. Cela a fait baisser leur TVS et les bonus/malus peuvent désormais arriver à zéro."

Objet d'une demande plus soutenue, les modèles à essence sont désormais mieux valorisés dans le cadre de la location longue durée puisque les loueurs anticipent des valeurs de revente plus élevées sur le marché de l'occasion à un horizon de quatre ou cinq ans. "Avec une meilleure valeur résiduelle en fin de contrat, les loueurs ne répercutent plus de surcoût dans le loyer", constate Olivier Valladeau. Le TCO de ces véhicules se porte d'autant mieux que les constructeurs ont eux aussi consenti un effort financier. "Ils anticipent une évolution du marché et de la fiscalité en alignant leur politique de remise entre l'essence et le diesel", confirme Guillaume Maureau. Selon les marques, le taux de remise pour des flottes à équiper en essence peut dépasser les 20 %.

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