Mobility manager: qui est-il, que fait-il, avec qui travaille-t-il?
Publié par Aude Guesnon le | Mis à jour le
Les mobility manager de Altran et de Lidl France, tous deux chargés de piloter fleet et travel de concert, ont témoigné de leur quotidien et brossé le portrait d'une fonction au carrefour de beaucoup d'intérêts différents... et encore mal équipée pour piloter efficacement toutes les données.
Qu'est-ce qu'un mobility manager ? Quel est son périmètre et avec qui doit-il travailler? En ouverture de la journée Next Mobility, organisée le 3 juin dernier par Décision Achats, nos intervenants, Nabila Houmsi, mobility manager de Altran et Ousmane Mbodje, responsable pôle mobilité en charge du fleet et du travel management chez Lidl France, ont partagé leur quotidien avec l'auditoire pour l'éclairer sur la mission qui est la leur. "Ma fonction a été créée il y a trois ans", a relaté Nadia Houmsi. "Altran voulait alors créer un pôle en charge de la gestion de tous les sujets autour du voyage et des véhicules longue durée et devant proposer des stratégies applicables dans 30 pays. L'idée étant d'harmoniser les pratiques et de mutualiser les achats pour générer des économies." Il en fut de même pour Ousmane Mbodje, arrivé chez Lidl il y a quatre ans et chargé d'établir une politique mobilité complète.
Par quoi ont-ils démarré? "Il faut commencer par être très curieux!", s'est exclamé Ousmane Mbodje "Si on ne sort pas de son bureau, on n'avance pas". Et d'expliquer qu'il est impératif de se créer un réseau pour pouvoir brainstormer, participer à des événements professionnels, rencontrer les fournisseurs et les parties prenantes en interne. "Il faut aussi, et avant toute chose, établir une cartographie de ses besoins", a ajouté Nabila Houmsi. Essentiel, bien évidemment, pour lancer ensuite les appels d'offres "et sélectionner les fournisseurs sur des critères précis". Un travail d'acheteur, en somme.
A qui sont-ils connectés? "Le mobility manager a un rôle central", a souligné Ousmane Mbodje, qui travaille avec les RH - "la politique mobilité est un levier de recrutement et de fidélisation" - avec la fonction "bien être" - "pour mettre en place des solutions qui répondent aux attentes des gens" -, avec l'IT - "on a besoin d'eux pour valider les pré-requis ainsi que pour verrouiller l'aspect sécurité des datas", la RSE, le juridique - "la partie la plus compliquée car tout prend du temps" - ainsi que la sécurité, et, bien sûr, la finance. "D'ailleurs, nous sommes entre le marteau et l'enclume puisque la finance veut serrer les coûts alors que la RH veut du service aux collaborateurs." Quant à la DG, "elle est juge et partie puisque ses membres sont les premiers à se déplacer. Il ne faut donc pas être que sur la finance. Il faut trouver le bon équilibre. Et le défendre, avec l'aide d'un sponsor, si possible..."
Un outil de gestion et de reporting global, svp !
La difficulté majeure aujourd'hui pour les mobility manager réside dans la gestion des données qui concernent le fleet et le travel car aucun outil actuellement sur le marché ne permet d'avoir un seul tableau de bord compilant l'ensemble des informations et donc, un reporting global. Pour l'heure, nos deux mobility manager jonglent entre moult outils et rêvent d'un seul élément qui regrouperait "un outil de pilotage de la flotte, un catalogue électronique présentant la car policy aux collaborateurs, un SBT pour le voyage ainsi qu'un HBT, un outil de paiement et un outil de reporting de la dépense sur le fleet et le travel". Sans oublier une connexion avec l'agence de voyage.
Autre difficulté, faire comprendre aux collaborateurs que malgré tous les efforts consentis en termes d'équipement digitaux et mobiles pour tenter de répondre à leurs attentes, leur expérience utilisateur ne pourra pas toujours être identique à celle vécue dans le privé. "Nos règles et nos process peuvent leur paraître lourds...", a souligné Nabila Houmsi, mais ils doivent les respecter. La plupart du temps. Car un peu de souplesse ne nuit pas: "Plutôt que d'aller au clash, certaines fois, on peut par exemple essayer de négocier avec l'hôtel qu'ils souhaitent pour tenter de rentrer dans notre budget."
Quant à savoir si le mobility manager est en stratégie ou en opérationnel : les deux mon général. "C'est un cycle. Certaines fois on est focus sur la stratégie et d'autres, sur l'opérationnel", a commenté Ousmane Mbodje. Et les deux sont nécessaires. "J'ai besoin d'avoir des remontées opérationnelles pour mettre en place les bonnes solutions", a insisté Nadia Houmsi.