Dérive des comportements, comment remobiliser les conducteurs ?
Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à
Même si les chiffres d'accident ne plongent pas encore dans le rouge plusieurs signaux faibles alertent sur un relâchement des comportements , notamment sur les trajets professionnels.La dernière édition de Fleet Activate a permis d'entrevoir quelques pistes utiles aux entreprises.
Difficile de couper avec les écrans mobiles au moment de monter dans sa voiture. "Nous constatons une augmentation de l'usage des "distracteurs" qui sont en cause dans environ 10% des accidents", alertait Marie Gauthier-Melleray à l'occasion du dernier Fleet Activate. La déléguée interministérielle à la Sécurité routière, qualifiait même les chiffres "d'un peu inquiétants". Ceux de l'Assurance maladie, qui portent certes sur 2017/2018, montrent que 38% des accidents de la route concernent des trajets liés au travail. Avec 406 tués, ils restent la première cause d'accidents mortels du travail avec des conséquences sociales et financières : 4 millions d'arrêts de travail et 725 millions d'euros de coût direct.
Il faudra bien quelques efforts encore pour convaincre les conducteurs de changer leurs comportements. Matthieu Bessin, docteur en psychologie sociale et chercheur associé au Laboratoire de psychologie des Pays de Loire, les voit défiler dans ses stages de sensibilisation à la sécurité routière: 60% ont perdu des points et 48% ont commis des excès de vitesse dans le contexte professionnel, a-t-il relevé dans une étude auprès de 203 stagiaires. "Ils sont agacés par la lenteur des autres usagers. Ceux qui déclarent le plus grand stress professionnel sont le plus souvent en excès de vitesse ou ils téléphonent au volant ", appuie le chercheur.
Autre conclusion qui fera réfléchir les entreprises, les individus ne sont pas réfractaires à la règle mais ils la renégocient en fonction du contexte. "Difficile de ne pas trinquer avec un client après une négociation, même si la charte de l'entreprise l'interdit. On se sentirait moins performant", décodait Matthieu Bessin. Quant à changer ces comportements, rien d'impossible si l'entreprise parvient à faire tomber les résistances de ses collaborateurs. Ce qui implique de renforcer leur engagement autour d'objectifs et de valeurs suffisamment forts pour qu'ils ne soient plus conditionnels.