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Les applis boostent la gestion de la mobilité

Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à

Gérer la mobilité de ses collaborateurs grâce aux applications mobiles fait gagner du temps tout en personnalisant la relation avec les salariés. Explications.

Pour les constructeurs automobiles, le smartphone du client est devenu un accessoire de la voiture. Ainsi, toutes les marques proposent leur application destinée à faciliter les trajets et la maintenance des véhicules. Seul bémol : elles s'adressent aux conducteurs plus qu'aux gestionnaires de parcs qui comptent plusieurs centaines de cartes grises. Heureusement, ces derniers bénéficient depuis peu d'un bourgeonnement d'applications développées à leur intention par des start-ups ou par des acteurs de la mobilité. Tel est le cas chez GAC Technology dont la solution de gestion de flotte en mode SaaS, "GAC Car Fleet", est épaulée par une application mobile, "My Car Fleet", depuis 2019.

Sur plus de 350 entreprises clientes, plus d'un tiers a choisi de l'installer sur les smartphones de ses salariés. "Le gestionnaire peut mettre de l'information à disposition des collaborateurs : carte grise virtuelle, rapport de contrôle technique ou encore paramétrage de la date de la prochaine maintenance. L'application lui fait gagner du temps en rendant le collaborateur plus autonome et en évitant les "sur-sollicitations" ", évoque Marion Achour, cheffe de produit GAC Car Fleet et My Car Fleet. Pour des tâches répétitives ou peu complexes, le conducteur peut se débrouiller sans appeler à la rescousse son responsable de parc. En cas d'accident par exemple, My Car Fleet le guide dans la prise de photos pour constater les dégâts, puis l'application envoie un rapport dans GAC Car Fleet à l'intention du gestionnaire. Ce dernier peut également dégainer l'application pour envoyer des requêtes personnalisées à certains conducteurs. "L'application améliore le taux de réponse, par exemple quand on demande un relevé kilométrique" affirme Marion Achour.

Des conducteurs plus impliqués

Les fleeters voient, eux aussi, l'intérêt de relier les gestionnaires aux conducteurs grâce à des applications. A l'instar de ASK qui mise sur son application, ASKMe. "Nous l'avons d'abord développée par rapport aux usages des collaborateurs dans le but de remonter des demandes qui arrivaient par mail", explique Fabien Dieu, directeur général et cofondateur. Le pari est de leur accorder de l'autonomie tout en allégeant leurs contraintes. Le gestionnaire y trouve également son compte grâce à des workflows automatisés qui le déchargent de certaines tâches.

Illustration avec un changement programmé de pneumatiques : en tenant compte des contrats cadres signés par l'entreprise et de la localisation du collaborateur, ASKMe lui adresse directement des propositions de rendez-vous. Dès que le créneau est validé et le devis contrôlé, l'application édite un numéro d'accord pour le garage et y guide le collaborateur. Une fois les nouveaux pneus montés, ASKMe rattache automatiquement la facture au numéro d'accord, sans demander l'intervention du gestionnaire ni du conducteur. L'autre atout de l'application est sa capacité à partager des informations à large échelle. "58 % des demandes des utilisateurs qui remontent au gestionnaire sont des demandes d'informations et non d'actions", observe Fabien Dieu. Par conséquent, ASKMe intègre une base de connaissances à l'usage des conducteurs. Ainsi, celui qui égare le code de sa carte carburant n'a plus besoin de solliciter son gestionnaire de flotte pour connaître la marche à suivre.

Des services innovants pour l'électrique

Nombre de start-ups partent également à la conquête des flottes électriques avec des services ciblés. Chez Batteries for People, l'application Antilope, dévoilée en octobre 2021, a vocation à s'installer sur les smartphones des conducteurs de véhicules électriques. "Elle est un copilote pour les trajets inhabituels ou longs car elle permet de projeter sa consommation réelle, de savoir où recharger et en combien de temps", expose Guillaume Hébert, co-fondateur et directeur général. Dans le cas d'un utilitaire, il est possible de renseigner le poids embarqué à l'arrière pour affiner la simulation. Antilope cible en priorité les véhicules électriques en autopartage, en facilitant leur prise en main sans intervention du gestionnaire. Grâce à un QR code placé dans le véhicule, l'utilisateur n'a qu'à le scanner pour être guidé sur un parcours qui tient compte de l'autonomie restante. Plusieurs fonctions sont paramétrables : indiquer le nombre et le type de câbles à bord (dont la présence pourra être contrôlée avant de partir), ou encore définir une réserve d'autonomie pour écarter le risque de se retrouver immobilisé, batterie à plat.

Pour sa part, l'application Autogriff a été adoptée par plusieurs milliers d'utilisateurs depuis son lancement, en 2018, avec la promesse d'alléger les frais de carrosserie. En cas de dégât, elle guide le conducteur dans la prise de photos qui permettent une expertise à distance puis un chiffrage au plus juste grâce à un réseau de carrossiers partenaires. "Nous sommes facilitateur et accélérateur, plaide Franck Keller, dirigeant et fondateur de cette start-up. Notre application permet au collaborateur de régler un sinistre en une heure contre cinq habituellement." Le gain est particulièrement perceptible pour les grandes flottes en auto-assurance qui doivent établir des devis pour toute réparation. Autogriff s'attaque également à la bête noire des gestionnaires : les frais de restitution en fin de location. Là encore, trois quarts d'heures (au lieu de quatre heures, déplacement compris) suffisent à chiffrer les travaux nécessaires pour que le véhicule réponde aux attentes du loueur (en tenant compte de la vétusté, du caractère premium du véhicule...). "Le conducteur reçoit un devis dans les quatre heures sans avoir eu à se déplacer et nous lui trouvons un carrossier dans un rayon de vingt kilomètres. Ainsi, il gagne du temps et le gestionnaire n'est sollicité que quand c'est important", résume Franck Keller.

Un accompagnement du crédit mobilité

L'extension de la gestion de flottes aux nouvelles mobilités booste également l'essor d'applications. Le loueur ALD Automotive ne s'y est pas trompé en prenant 17% du capital de la start-up belge, Skipr, en septembre dernier. Cette application se positionne comme un outil de gestion des alternatives au véhicule de fonction : crédit mobilité et, plus récemment, forfait mobilité durable. Pour le crédit mobilité, Skipr associe l'application à une carte de paiement acceptée chez 400 000 prestataires en Europe. Grâce à son smartphone, le salarié repère les enseignes éligibles, il contrôle le solde de son crédit mobilité et il obtient des justificatifs de ses dépenses. Quant à l'entreprise, ces informations lui remontent automatiquement, en temps réel, via son outil habituel de gestion de flotte ou son SIRH. "Le gestionnaire peut paramétrer des règles en identifiant des bénéficiaires du crédit mobilité, en fixant des plafonds par année, par trimestre ou par mois, des conditions de report du solde non utilisé, des règles d'approbation des dépenses", détaille Jan de Lobkowicz, directeur Europe de Skipr. Surtout, le moindre euro dépensé pour des déplacements privés est comptabilisé en tant qu'avantage en nature. En mettant l'entreprise en règle avec l'Urssaf, l'application lève un des derniers freins au déploiement des nouvelles mobilités.

Arval mobility App : intégrer tous les déplacements

Dans son évolution du métier de loueur vers celui de fournisseur de mobilité, Arval propose Arval Mobility App, depuis novembre 2021. L'application donne accès à son catalogue de solutions : autopartage, covoiturage, vélos ou trottinette partagés. En outre, elle renseigne sur une vingtaine de réseaux de transport en commun. Elle peut également gérer le forfait mobilité durable et le crédit mobilité. "Le gestionnaire peut choisir les solutions de mobilité qu'il souhaite autoriser et paramétrer les résultats affichés en premier, par exemple les plus écologiques ou les plus économiques dans une logique de total cost of mobility (TCM)", souligne Julie Huyghues-Despointes, directrice marketing produit et nouvelles mobilités d'Arval France.

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