Quand les codes culturels définissent l'espace de travail
Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
Les codes culturels influent sur le mode d'organisation de travail. Le département Recherche et Prospective de Steelcase, spécialisé dans l'aménagement tertiaire décrypte dans son étude " Culture Code ", les dimensions culturelles et les habitudes des salariés à travers 11 pays.
Capacité à collaborer, poids de la hiérarchie, type de management, place de la vie privée... Comment les codes culturels influencent-ils les modes d'organisation au travail? Pour tordre le cou à certaines idées reçues, Steelcase publie "Culture Code"*, une étude sur les espaces de travail à travers 11 pays.
Chine, une hiérarchie autoritaire garante de l'harmonie
Le changement s'accélère en Chine et les espaces de travail doivent tenir le rythme. Le rapport hiérarchique est basé sur l'autorité. Et les salariés chinois l'acceptent comme un moyen de maintenir l'ordre et l'harmonie. La culture chinoise est masculine, axée sur la réussite et très collectiviste. De nombreux chinois sacrifient leur vie de famille et leurs loisirs pour leur travail.
France: dualité vie personnelle / vie professionnelle
La France a une relation unique au travail. Les salariés français sont à la fois très investis dans leur fonction et leur carrière mais également soucieux de leur qualité de vie. L'autorité et la hiérarchie prédominent en France comme "les derniers vestiges de son passé aristocratiques", avancent les experts de Steelcase. Les salariés français sont jugés plus individualistes que collectivistes.
Allemagne: priorité à la compétition!
L'individualisme et la compétition sont les caractéristiques majeures du travail en Allemagne. Le respect de leur intimité est non négociable. Ainsi, les bureaux fermés sont un standard de l'espace de travail. L'intimité acoustique, visuelle et spatiale est considérée comme un droit pour chaque employé. Le travail est une composante centrale de la vie.
Royaume-Uni: l'île des individualistes
Les conditions de travail sont difficiles et les salariés britanniques mécontents. La raison? Les dirigeants travaillent au minimum 50h par semaine et mangent devant leur ordinateur. De nombreux employés choisissent une évolution de carrière latérale au lieu de progresser dans la hiérarchie. Les Britanniques sont très individualistes car ils changent souvent d'emploi et d'entreprises au bout de quelques années.
Inde: travailler pour soi et pour le pays
L'Inde possède une note élevée en matière d'autorité. Les environnements de travail sont conçus pour refléter la hiérarchie, le pouvoir et le statut. Ainsi, les dirigeants et les supérieurs hiérarchiques possèdent de grands bureaux privés tandis que les salariés sont installés dans des espaces ouverts et très denses. Si le poids du collectivisme est très fort en Inde, l'arrivée de la jeune génération Y semble bouleverser la donne et insuffler un vent d'individualisme. Ces derniers se montrent peu attachés à leur travail et leur entreprise.
Italie: le poids du patriarcat
L'Italie possède des valeurs masculines fortes, surtout dans l'espace de travail. Le patriarcat demeure un modèle traditionnel. Les employés attendent des directives claires de leurs leaders. La culture d'entreprise est fondée sur l'affirmation de soi et la compétition. Enfin, les Italiens sont individualistes et peu intéressés par le travail en équipe.
Maroc: concilier les générations
Au Maroc, la plupart des entreprises reposent sur une bureaucratie très lourde. Les nouvelles générations cherchent à s'impliquer davantage dans leur travail et à en tirer une plus grande satisfaction. Le défi du Maroc est d'arriver à concilier les aspirations de la jeune et de la vieille génération dans un pays où l'autorité et le collectivisme sont profondément ancrées dans la culture traditionnelle.
Pays-Bas: les pionniers du travail flexible
Les Hollandais possèdent un grand nombre de réglementations liées à la santé et à la sécurité au travail. C'est le pays qui a le plus de normes de qualité liées à l'ergonomie du mobilier d'entreprise. Les espaces de travail innovants aux Pays-Bas sont tout à fait adaptés à la culture du pays qui associe individualisme et travail en équipe. De plus en plus d'entreprises ont recours aux postes de travail partagés. Ils sont adeptes du travail flexible et effectuent quotidiennement une partie de leur travail en dehors du bureau.
Russie: une culture autoritaire
Si la culture au travail demeure la plus autoritaire des 11 pays de l'étude, résultante de son passé communiste, celle-ci tend à diminuer. Les réformes démocratiques ont crée des opportunités de travail, reposant sur le niveau d'instruction et expériences des individus et non plus sur les relations politiques. La Russie est moins individualiste que les nations développées, mais elle est la plus individualiste parmi les pays en développement.
Espagne: la jeune génération aux commandes
L'histoire politique de l'Espagne marquée par l'arbitraire et le paternalisme accorde de l'importance à la hiérarchie. Mais la jeune génération se rebiffe. L'économie espagnole étant au bord du gouffre, les meilleures entreprises réalisent qu'elles doivent innover, s'orienter vers les hautes technologies et la mondialisation. Un grand nombre de jeunes travailleurs désirent réinventer la culture de travail de leur pays et renforcer leur économie.
Etats-Unis: un melting-pot culturel
Les Etats-Unis accordent peu d'importance à la distance hiérarchique. Leur penchant participatif se manifeste par le caractère informel de leurs espaces de travail. Les Etats-Unis évoluent vers plus d'ouverture et s'adaptent à d'autres cultures. Ils possèdent le plus grand nombre de travailleurs à distance au monde.
* Cette étude de Steelcase WorkSpace Futures s'intéresse aux différences culturelles de 11 pays : Chine, France, Allemagne, Inde, Italie, Maroc, Pays-Bas, Espagne, Russie, Royaume-Uni et Etats-Unis.