Electricité : quand achats et RSE ne font pas bon ménage
Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
Auto-consommation et achat d'électricité verte. Des entreprises qui se sont engagés dans ces voies encore peu empruntées ont partagé leurs expériences à l'occasion du Salon Gazélec. Atouts, contraintes, coûts, ROI, etc. Voici ce qu'ils en disent.
Après une journée consacrée au marché du gaz (lire notre article: Réforme du marché du gaz : de nombreuses inquiétudes), acheteurs et fournisseurs se sont réunis de nouveau pour débattre du sujet de l'électricité lors de la 9e édition du salon Gazelec, à la Défense. Au programme: auto-consommation et achat d'électricité verte.
Produire sa propre électricité sur site pour auto-consommer et faire ainsi baisser sa facture d'énergie paraît séduisant sur le papier. Mais dans les faits, peu d'acteurs l'ont encore mis en pratique. Trop de contraintes techniques, un retour sur investissement trop long, des profils de consommation non adaptés ... la liste des doléances est longue. "A la mesure des puissances nécessaires pour nos postes de consommations électriques, les solutions d'autoconsommation d'aujourd'hui ne répondent pas", précise sans détours François Mansuy, directeur des achats au sein de Fonte Ardennaise.
Autre élément bloquant: un ROI trop long. "Au sein du groupe Seb, pour pouvoir réaliser un investissement il faut un ROI de moins de deux ans. Or, sur un sujet comme l'autoconsommation, le ROI en France est en moyenne de 10 ans", explique Hervé Bouvard, responsable achats industrie et énergie Groupe Seb. Cependant, le groupe a répondu à un appel d'offres de la CRE en février 2017 pour des centrales photovoltaïques dans la limite d'un ROI de 10 ans. "Nous avons été lauréat sur notre siège social et sur un autre site industriel en région lyonnaise grâce à l'engagement citoyen de quelques personnes du groupe. C'est aussi un pari sur les prix de l'énergie dans l'avenir", estime le responsable achats industrie et énergie Groupe Seb. Une démarche entreprise dans d'autres pays où le groupe est présent; en Amérique du Sud (Colombie, Brésil notamment) et en Egypte. "Là où les ROI sont plus courts".
Des solutions d'autoconsommation trop anecdotiques
Du côté de Pôle Emploi, qui affiche un budget énergie (électricité et gaz) de plus de 15 millions d'euros par an, soit le plus gros poste sur les postes de fonctionnement, le sujet de l'auto-consommation pourrait se poser à l'avenir. La raison? "Pôle Emploi a atteint sa capacité d'économies d'énergie en terme de réduction de sa consommation et doit trouver d'autres solutions pour limiter ses dépenses", souligne Réjane Marchesseau, chargée de mission nationale direction des achats marchés chez Pôle Emploi. Mais aujourd'hui, l'auto-consommation est difficile à réaliser pour nos sites de production (sites de traitement informatique) qui sont les plus consommateurs en raison des chartes techniques spécifiques liées aux bâtiments."
Sans grande surprise, au vu des réglementations techniques et des contraintes d'urbanisme, installer des panneaux photovoltaïques sur les toits d'immeubles parisiens semble être compliqué. Un avis partagé par Patrick Stekelorom, responsable développement durable et innovation chez Allianz Real Estate, filiale immobilière du groupe d'assurances Allianz, dont le budget achat électricité représente 5 millions d'euros par an. Cependant, malgré des contraintes techniques, l'assureur Allianz a installé 120m2 de panneaux photovoltaïques sur sa tour Allianz One, à la Défense. Une démarche de conviction puisque "cela ne représente rien en terme de production rapporté à la consommation de la tour", avoue le responsable développement durable et innovation chez Allianz Real Estate. Dans cette démarche, le groupe d'assurances expérimente l'autoproduction toujours grâce à des panneaux photovoltaïques sur certains centres commerciaux en lien avec les gestionnaires des centres commerciaux.
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