La R & D, clé de la compétitivité des entreprises françaises
Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le
Entreprises exportatrices en chute libre, hausse du coût du travail et des matières premières, faibles investissements en R & D… autant de facteurs qui plombent la compétitivité française. Pour remédier à cette situation, l'Institut de l'entreprise, think tank patronal, tire la sonnette d'alarme.
« Nombre d’entreprises françaises souffrent d’un manque chronique de compétitivité. Si on ne parvient pas rapidement à les aider, elles vont finir par crever ! » Cette déclaration pour le moins brutale de Xavier Huillard, p-dg de Vinci et de l’Institut de l’entreprise, think tank patronal, lors d’une conférence organisée le 11 janvier, est largement symptomatique de l’inquiétude de nombre acteurs économiques quant à l’avenir du “Produire en France”. Tissu d’entreprises exportatrices en chute libre (en baisse de 15 % depuis 2002), hausse du coût du travail et des matières premières, fiscalité française trop lourde, les intervenants présents ont dressé un constat particulièrement noir de la situation.
« C’est un véritable cercle vicieux, résume Frédéric Monlouis-Félicité, délégué général de l’Institut de l’entreprise, car nos grandes entreprises ont du mal à exporter, du coup elles baissent leurs marges et se retrouvent dans l’impossibilité d’investir, in fine, dans la R & D, une condition pourtant sine qua non pour proposer des produits innovants et s’imposer dans la compétition mondiale». Et ce, potentiel d’innovation sur lequel devraient s'appuyer les grands comptes, émane bien souvent des PME françaises locales. Or, selon, Luc Rousseau, directeur général de la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services), souligne que « les entreprises n'investissent pas assez dans les PME, c’est pourquoi notre tissu industriel est trop peu renouvelé, malgré le développement des pôles de compétitivité. » Ainsi, selon Jean Peyrelevade, président de Leonardo & Co, la recherche privée en France serait deux fois moindre qu’en Allemagne, dotée historiquement d’un réseau d’ETI particulièrement large.
Et c’est pour pallier les faiblesses structurelles dont pâtit la compétitivité française que l’Institut de l’entreprise a présenté un rapport complet intitulé “Pour un choc de compétitivité en France”, rassemblant des propositions de court et moyen termes, fruit d’un travail de huit mois mené par des patrons d’entreprises et hauts fonctionnaires. Parmi ces mesures figure notamment un plus grand investissement dans la R & D. « Car en effet, au-delà du coût du travail, le diagnostic montre que c’est bien du côté de l’innovation, mais aussi de la qualité des services et produits que se trouvent les faiblesses de l’économie française », explique Frédéric Monlouis-Félicité.
Ainsi, le rapport rappelle la nécessité que l’État renouvelle son discours et sa vision de l’innovation, pour l’adapter au cadre nouveau de l’économie créative. « Car il est essentiel que les entreprises françaises se donnent pour objectif d’atteindre un niveau de recherche et de qualité comparable à celui de leurs homologues allemandes », affirme Xavier Huillard, en rappelant que l’innovation ne peut être captée qu’à l’extérieur de l’entreprise et non en interne. À cet égard, le rapport préconise un plus grand rapprochement entre les grandes entreprises et les universités. « Plus généralement, les entreprises doivent apprendre à faire confiance à leurs partenaires extérieurs en développant des écosystèmes avec ces derniers et en favorisant la conscience de filière », a renchéri le p-dg de Vinci. Une tâche dans laquelle les directions achats auront à coup sûr tout leur rôle à jouer…