La suspension de l'écotaxe et ses effets négatifs sur nos infrastructures
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
" Les mois qui passent avec la suspension de l'écotaxe, contribuent à augmenter le retard pris sur le financement de nos infrastructures ", Alain Borri, directeur associé chez bp2r.
Quel est l'enjeu qui se joue actuellement sur l'écotaxe ?
C'est une manne financière importante qui doit permettre de rénover nos infrastructures routières (dont la sécurité de certains axes), ferroviaires, portuaires, etc. L'exemple de l'Allemagne est significatif, puisqu'ils ont réussi à financer leurs propres infrastructures. De notre côté, les mois qui passent avec la suspension de l'écotaxe, contribuent à augmenter le retard pris sur le financement de nos infrastructures, augmentent le manque de compétitivité de nos entreprises, sans compter sur notre isolement vis-à-vis des marchés des pays de l'Europe de l'Est qui ont tendance à se développer.
Il faut comprendre également que cette taxe représente environ 5% des coûts de transport, ce qui n'est pas neutre. Ne pas oublier non plus qu'il existe des leviers d'optimisation des coûts de transport qui sont accessibles et qui ne sont toujours pas mis en place. Leviers qui sont généralement supérieurs à 5%.
Comment analysez-vous le report de la mise en application de l'Ecotaxe ?
La raison essentielle de cette suspension repose sur un déficit de communication. Au départ, une grande majorité des acteurs liés à cette taxe était d'accord. D'ailleurs, la région Alsace n'hésitait pas à la réclamer. Par ailleurs, la question du report modal a peut être joué aussi un rôle négatif. Pour autant, en Allemagne, cet aspect n'avait pas eu d'influence sur la part de la répartition entre le train et la route. Sachant qu'ils sont à 20% sur le train contre 7% dans l'hexagone. Et bien-sûr, le contexte économique dans lequel se trouve la France et l'augmentation du nombre de taxes, n'a pas favorisé son accueil.
Quelles sont désormais les possibilités d'avenir de cette taxe ?
Une piste pourrait être d'abaisser, dans un premier temps, le niveau de l'écotaxe de manière à faire en sorte que l'opération soit "blanche" vis-à-vis d'Ecomove. Pour rappel, sur les 1,2 milliard d'euros que cette taxe est censée récolter, 250 millions doivent être reversés à cette entreprise pour financer ses infrastructures et ses services.
Parmi les autres pistes, on parle d'exonérer les poids lourds qui sont utilisés pour l'agriculture, la pêche et l'élevage pour les trajets courts (pour des trajets inférieurs à 50 Km).
Permettre aux industriels de l'agroalimentaire d'introduire le coût de l'écotaxe en pied de facture afin d'éviter que la grande distribution n'incite les producteurs à baisser leurs prix, est également évoqué. Ou encore, de relever davantage les modulations de l'écotaxe liées aux régions périphériques : Bretagne (50%), Aquitaine (30%) et Midi-Pyrénées (30%).
On pourrait éventuellement compenser l'abandon de la taxe par la mise en place d'une "Euro vignette". Ce pourrait être un substitut, mais moins équitable, puisque tout le monde paierait la même taxe sans tenir compte des infrastructures utilisées.
Quand bien même la disparition de l'écotaxe, il y aurait une autre taxe dont le rôle serait de faire payer les transporteurs routiers, avec la difficulté induite du report vis-à-vis de leurs clients.
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