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L'écotaxe va rebattre les cartes du transport en France

Publié par Emmanuelle Serrano le - mis à jour à

Le surcoût lié à l'écotaxe poids lourds va entraîner mécaniquement une multiplication des appels d'offres dans le secteur du transport pour les 12 prochains mois. Une redistribution trop précipitée des cartes du secteur du transport est à craindre selon le cabinet conseil en transport bp2r.

De l'avis du cabinet de conseil bp2r, spécialisé dans le transport,les transporteurs français, fragilisés par la crise, sont très mal préparés à la vague d'appels d'offre qui accompagnera l'écotaxe poids lourds et seule une minorité de transporteurs a des équipes dédiées et aucun recrutement n'est prévu pour le moment. Les transporteurs estiment également que la qualité n'est pas véritablement au rendez-vous chez leurs clients : trop d'urgence, pas assez de pertinence et des outils inefficaces. Un sondage, réalisé en mai (1) auprès des transporteurs routiers français, révèle en effet que le secteur est très mal préparé à cette vague d'appels d'offres car les transporteurs ne disposent pas des ressources nécessaires pour répondre aux appels d'offre qui correspondent à leur savoir-faire.

Pour Xavier Villetard, directeur associé de bp2r, l'écotaxe va provoquer un encombrement d'appels d'offres dans les 12 mois qui viennent, ce qui va rebattre complètement les cartes du transport en France. Les transporteurs estiment que ce mouvement pourrait entraîner une dégradation de la qualité, autant dans l'expression des besoins de transport chez les entreprises que dans la réponse technique et tarifaire des transporteurs. Une majorité de transporteurs (52%) ne possède pas d'équipe dédiée pour répondre à ces appels d'offres ; 86% ne prévoient pas d'embaucher de collaborateurs supplémentaires pour augmenter leur taux de réponse. Malgré la chute des volumes, les transporteurs deviennent de plus en plus sélectifs :

70% des transporteurs effectuent déjà une pré-sélection dans les appels d'offres qu'ils reçoivent (44% à partir de critères établis, 26% car ils ne disposent pas des ressources suffisantes).

Pour l'instant, ils sont encore 29% à répondre systématiquement à tous les appels d'offres, sans doute par crainte de passer à côté d'un marché souvent vital pour leur pérennité.

Et si les clients faisaient un effort ?

Les transporteurs souhaiteraient que leurs clients s'améliorent dans la gestion des appels d'offres :

- ils sont 69% à estimer que le niveau général des chargeurs en matière de transport est moyen voire faible.

- Pour un tiers des transporteurs, l'expression des besoins n'est pas assez qualitative pour permettre une réponse pertinente.

- Pour une majorité de transporteurs (50%), les clients imposent un délai de réponse trop court.

- Ils ne sont que 19% à penser que globalement, les nombreux cabinets conseil & achats qui aident les chargeurs dans leurs appels d'offres, mais qui ne sont pas nécessairement spécialistes du transport, disposent du bon niveau d'expertise.

- Seuls un tiers des transporteurs jugent positif (3% très positif, 31% plutôt positif) le recours à des outils informatiques en ligne pour la gestion des appels d'offres transport.

(1) Sondage réalisé par questionnaire à choix multiples, entre le 7 mai et le 3 juin 2013 ; 178 réponses de transporteurs routiers, représentatifs en termes de taille, d'activités et de segments de transport.