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SNCF : une histoire de centimètres qui va coûter cher!

Publié par Jérôme Pouponnot le | Mis à jour le

Après avoir passé une commande sur 2 000 nouvelles rames pour ses futurs TER, le tandem SNCF-RFF a fait le constat "amer" que ces trains ne pouvaient pas entrer dans certaines gares... en raison d'une largeur excessive. Coût du réinvestissement estimé entre 50 et 100 millions d'euros.

L'histoire aurait pu être cocasse si des dizaines de millions d'euros n'étaient pas en jeu ! Dans son édition du 21 mai, le Canard Enchainé a dévoilé en effet une histoire rocambolesque d'une commande passée par la SNCF auprès d'Alstom et du canadien Bombardier, portant sur 2 000 rames. Le tout, pour une somme avoisinant les quinze milliards d'euros. Le hic, c'est que les rames sont trop larges par rapport aux quais. Or, pour faire circuler ces rames, il est nécessaire de "raboter" les quais d'une centaine de gares... pour un coût estimé entre 50 et 100 millions d'euros !

Tout avait pourtant bien commencé

Le scénario était pourtant bien construit. Avec l'aide de RFF, la SNCF avait établi le cahier des charges afin de renouveler les trains vétustes du réseau TER (Trains Express Régionaux). Durant 5 cinq ans, cette même SNCF a collaboré avec les régions françaises pour avoir des rames plus larges, en vue d'augmenter le confort des passagers, et pour faciliter l'accès aux personnes à mobilité réduite. Jusque là tout va bien. Pourtant, en raison de normes provenant de gares qui diffèrent de celles retenues lors de l'appel d'offres, un écart de 2 à 20 centimètres entre les rames et les voies a été constaté et ce, sur près de 1 300 quais. Avec à la clé, une colossale opération d'agrandissement qui devrait donc coûter entre 50 et 100 millions d'euros (voire plus, selon certaines sources). Qui va supporter un tel surcoût ? Dans un communiqué, la SNCF et RFF ont affirmé que la somme nécessaire à l'aménagement des quais sera intégrée aux 4 milliards d'euros de dépenses investies chaque année par RFF, pour la modernisation et le développement du réseau.


Le point de vue de directeurs d'achats

Nous avons donné la parole à certains directeurs achats, à commencer par Mathieu Bonnafous, directeur des achats de Bonduelle.


" Cette affaire de quais et de TER qui ne sont pas aux bonnes cotes me paraît un peu montée en épingle. Cela ne concerne que 15 % des quais en France, avec un coût compris entre 50 et 100 millions d'euros. Autant dire, une goutte dans l'océan des achats de la SNCF et RFF qui se chiffrent pour chacun, en dizaines de milliards d'euros. C'est un non-évènement. L'affaire était mal engagée à l'origine en 1997, quand il a été décidé de séparer exploitation et infrastructure. Particulièrement dans la façon d'organiser cette séparation. La chaîne de sous-traitance est aberrante, parce que RFF est obligé de demander à son client qui est la SNCF, les moyens de remplir sa mission de gérant des infrastructures ".


Albert Varenne, directeur des achats d'Airbus Group :


"Je ne veux pas m'ériger en juge. Dans le ferroviaire comme dans l'aéronautique, nous sommes dans des processus industriels très complexes, où nous devons faire travailler un grand nombre d'acteurs, avec des cultures d'entreprises différentes. Cela demande un pilotage très fin de la communication. En ce qui concerne les achats pour RFF et la SNCF, il y a nécessairement eu des personnes, des équipes, quelque part, qui n'ont pas bien compris, bien lu, bien transmis les informations, ce qui a produit ce dysfonctionnement". Pour lire l'intégralité de l'interview d'Albert Varenne.


Retrouvez le communiqué de presse de la SNCF