Le Smart Lighting : tremplin vers la ville intelligente
Publié par MATHIEU NEU le - mis à jour à
Au-delà du recours à des produits plus économiques, les systèmes d'éclairage public sont en passe de connaître de profondes innovations. Mais celles-ci doivent s'inscrire dans une démarche globale allant bien plus loin que le seul changement de gamme technologique.
Le Smart Lighting était l'une des thématiques phares du récent salon Smart City / Smart Grid, qui s'est tenu à Paris les 6 et 7 novembre. Ce concept désignant l'éclairage urbain intelligent se présente comme un élément déterminant de la mise en oeuvre de la ville intelligente et de la mobilité durable. Mais au-delà des équipements innovants permettant de faire baisser la facture énergétique, les évolutions gagnantes dépendent beaucoup de bonnes pratiques à instaurer et de nécessaires réorganisations.
Les ampoules et équipements d'ancienne génération, connues pour être particulièrement énergivores et peu souples à exploiter, représenteraient encore environ 85 % du parc en place. L'éclairage urbain fait donc partie des secteurs qui offrent un potentiel d'économies spectaculaire. " Au sein des collectivités, l'économie réalisée atteint 50 % avec le seul remplacement des ampoules classiques par des éclairages LED. Une différence notable concerne également les interventions de maintenance et renouvellement de matériels. On compte 9 % de dysfonctionnement avec un moment avec les anciens éclairages, alors qu'on se situe autour de 0,5 % avec ces nouveaux éclairages. Le nombre d'interventions des sociétés de maintenance se trouve en conséquence en forte baisse, si bien que les économies dans leur globalité pour ce poste de coûts atteignent fréquemment la barre des 75 % ", explique Xavier Rosa, directeur du développement chez Derichebourg Energie EP.
Inscrire les nouveaux produits dans une stratégie globale
Au-delà des remplacements nécessaires des équipements dans les milieux urbains, intégrer de l'intelligence et de la connectivité dans les lampes devient désormais un enjeu majeur. La Smart Lighting Alliance (SLA) fait partie des structures qui accompagnent les collectivités dans une démarche de changement. Son objectif est de réunir tous les acteurs ayant des intérêts à faire évoluer les systèmes d'éclairage. L'intérêt est bien sûr la capacité à diminuer les dépenses, mais aussi du déployer des fonctionnalités prédictives permettant la découverte d'anomalies, de faire évoluer les pratiques et procédures. " Nous accompagnons les collectivités dans cette mutation, en veillant notamment à ce qu'elles puissent conserver leur indépendance. Il y a une vigilance importante à avoir vis-à-vis des acteurs globaux comme les GAFA par exemple qui ont de plus en plus la main mise sur les évolutions du monde connecté ", souligne Pascal Fradet, vice-président au sein de la SLA. Cette structure travaille actuellement avec la région PACA, en vue de l'élaboration d'une logique de structuration industrielle visant à faire évoluer 30 000 points lumineux en 3 ans.
L'un des défis majeurs à relever est de mettre en place l'interconnexion des solutions d'éclairage. Actuellement, dans une même lampe urbaine, on trouve une connexion Wifi, une ou plusieurs caméras associées ayant leur propre fonctionnement, des capteurs également dotés d'un autre type de réseau. Chaque système est ainsi soumis à une indépendance technique. En conséquence, il en résulte autant de facturations différentes et de gestions à mener en parallèle auprès de plusieurs prestataires. Bon nombre de spécialistes du domaine estiment que l'un des projets les plus constructifs à l'heure actuelle consiste à faire converger les innovations pour obtenir une gestion simplifiée et des coûts acceptables. " Les bonnes pratiques, en plus des nouveaux équipements et des nouveaux usages, s'avèrent indispensables ", assure Philippe Bardaroux, président du Cluster Lumière à Lyon, qui rassemble les différents métiers de la filière éclairage dans le but de développer des solutions innovantes.
Un décloisonnement nécessaire des activités
En plus des lampes innovantes, une couche de digitalisation s'impose dans les systèmes en place. " Elle doit être prise en compte, mais il faut veiller à aller dans la bonne direction ", prévient Philippe Bardaroux. " La finalité de notre cluster est de créer des opportunités business qui ont du sens au sein d'une collectivité. Une même offre n'est pas nécessairement pertinent pour toutes les villes ou tous les quartiers. On remarque trop souvent qu'en matière d'investissement, la technologie prime sur l'usage, ce qui n'est pas souhaitable. "
Il remet également en cause le cloisonnement des services au sein des collectivités qui freinent notablement les avancées : " faire sauter les silos est essentiel. Aujourd'hui, les professionnels des éclairages ne communiquent ni avec ceux des espaces verts, ni avec ceux des feux tricolores, alors qu'ils ont tout intérêt à collaborer. "