Quand la fonction achat permet de transformer les hôpitaux publics
Publié par Fabien Humbert le | Mis à jour le
L'Achat coopératif des hôpitaux publics, ou UniHA, a soufflé ses 10 ans d'existence le 26 mars dernier. L'occasion pour son président, Jean-Olivier Arnaud, de revenir sur la jeune histoire de l'UniHA, de dresser le bilan de ses six ans de mandat, et de passer la main à son successeur.
Créé en 2005 pour regrouper et rationaliser les achats des hôpitaux publics français, l'UniHA compte pas moins de 32 CHU-CHR et 26 centres hospitaliers dans ses rangs. En 2014, l'UniHA a acheté pour 2,434 milliards d'euros et généré 84,3 millions d'euros de gains sur achat.
Sur 10 ans, on estime ainsi les gains réalisés par les hôpitaux publics adhérents, à plus de 900 millions d'euros. Parmi les faits d'arme de Jean-Olivier Arnaud, à la tête d'UniHA, on peut citer l'homérique négociation avec le géant Microsoft. "A travers la Centrale d'Achat de l'Informatique Hospitalière (CAIH), ces négociations très serrées ont permis aux 500 établissements partenaires de payer leur contrat informatique trois à quatre fois moins cher", se félicite celui qui est aussi à la tête du CHU de Lille.
L'atout de ce groupement d'hôpitaux face au mastodonte de Redmond ? "Notre capacité à leur payer l'intégralité du contrat, c'est-à-dire 30 millions d'euros, en une fois." Sous la présidence de Jean-Olivier Arnaud, l'UniHA a effectué des achats en direct sur le marché du gaz, ou encore sur celui de l'électricité afin de couvrir des besoins comparables à ceux d'une métropole de 1,5 million d'habitants.
L'éclectisme semble avoir été la marque de fabrique de son mandat puisque l'UniHA a aussi agit sur les marchés des services (nettoyage, certification des comptes ou assurance), de l'imagerie médicale (à travers des scanners ou des IRM), ou encore ses dispositifs médicaux implantables en cardiologie (pacemakers, défibrillateurs).
L'achat transformateur
Son successeur, Philippe Jahan compte bien poursuivre l'oeuvre de Jean-Olivier Arnaud, en l'accentuant encore puisque l'Etat a fixé comme objectif à l'UniHA de réaliser pour 100 millions d'euros de gains sur achat en 2015. Mais pour Philippe Jahan, la véritable valeur ajoutée de la fonction achat au sein de l'hôpital public, n'est pas tant de générer des économies, qu'être un acteur majeur de sa transformation.
L'un des grands projets de son mandat, sera par exemple la robotisation de la distribution des médicaments. "La mise en place d'armoires de distribution automatisées, va faire entrer dans les équipes des préparateurs de pharmacie, qui viendront remplacer les infirmières", explique celui est aussi le directeur général du Centre Hospitalier de Valenciennes.
Autre exemple de transformations apportées par la fonction achat sur la vie de l'hôpital : les blouses. "Il y a quelques années, de nombreux patients se plaignaient des blouses, qui n'était pas confortables et impudiques, se souvent Philippe Jahan, c'est nous qui avons pris en compte ces doléances et acheté les nouvelles blouses plus seyantes." Plus que jamais dans ces temps de disette budgétaire, l'UniHA et à travers elle la fonction achat, est ainsi en train de devenir un acteur majeur de la réduction des dépenses publiques.