Travel : vers des prestations d'un nouveau genre ?
Publié par MATHIEU NEU le - mis à jour à
Dans un contexte où les nouvelles technologies apportent toujours plus de facilités et d'automatisation des tâches, de nouveaux positionnements innovants apparaissent. Le paysage actuel du secteur et l'existence même de certains acteurs semblent remis en cause.
Au fil des dernières années, les innovations sont venues révolutionner les pratiques en matière de gestion des voyages d'affaires. Objectifs annoncés : des gains de temps, de performance, et une réduction des coûts globaux. Mais au-delà de leur lot de promesses, elles ont eu pour effet de multiplier les acteurs. " La période actuelle est décrite comme un moment de rupture. Entre l'intelligence artificielle et l'automatisation des tâches, le potentiel des technologies est sans précédent. N'est-ce pas l'occasion de redistribuer les cartes et de remettre en cause la multiplication des acteurs du voyage d'affaires, dans l'intérêt des entreprises ? ", s'interroge Tristan Dessain-Gelinet, son directeur général de la société Travel Planet. Un questionnement qui était au coeur de l'Atelier des connaissances de l'AFTM qui s'est tenu à Paris la semaine passée.
Tristan Dessain-Gelinet pointe du doigt " le millefeuille du secteur " qui s'est constitué au fil des années : " le système tel qu'il existe se caractérise par un grand nombre d'intermédiaires. On a d'abord les SBT, qui propose une interface utilisateur, en conformité avec une politique voyage, et un circuit de validation des opérations, les GDS qui fournissent les SBT avec des contenus que sont les offres de transport aérien, ferroviaire, de location de véhicules, dans le cadre de tarifs négociés. A ceux-ci s'ajoutent les TMC, ou encore les acteurs spécialisés dans les solutions de paiement ", détaille-t-il.
La maîtrise des prix, au coeur des changements
La désintermédiation du secteur est l'une des idées phares mises en avant pour redistribuer les cartes en vue d'un fonctionnement global plus en accord avec les enjeux actuels. " Il importe de recourir à un acteur capable de concentrer un maximum de briques. Le meilleur intégrateur peut aujourd'hui venir aussi bien du voyage que de l'IT. La solution efficace d'aujourd'hui doit être proche des interfaces que l'utilisateur connaît dans sa sphère privée. Tant que le voyageur trouvera par sa propre initiative des offres qu'ils ne trouvent pas sur son outil professionnel, le système n'est pas satisfaisant ", estime Tristan Dessain-Gelinet.
Une meilleure lisibilité des coûts et la possibilité donnée aux entreprises de mieux prévoir leurs dépenses pour les déplacements futurs constitueraient des éléments clés des innovations à venir. A l'heure actuelle, au sein d'un vol, on propose davantage de tarifs différents que de sièges disponibles dans l'avion. Les offres sont recalculées en permanence. Sur ce plan, Airfrance se caractérise par 60 tarifs qui changent toutes les 45 secondes. Au sein de la SNCF, les offres de réduction se comptent par centaines.
" De ce fait, on peut aujourd'hui quantifier dans les grandes lignes le nombre de voyages à prévoir d'une année sur l'autre. Mais le montant global reste très dur à estimer car les prix, caractérisés par des variations permanentes, sont difficiles à connaître à l'avance. Au-delà d'une certaine variabilité des prix, le modèle de demain doit pouvoir proposer des prix fixes pour obtenir une meilleure satisfaction de la part du client. La plateforme du futur doit prendre à sa charge la prise de risque associée, et faire les meilleurs arbitrages possibles en fixant ce prix par rapport à ce que le transporteur propose ", analyse Tristan Dessain-Gelinet.
Une telle offre, en rupture avec le contexte actuel, est par ailleurs source d'opportunités : une stratégie innovante de fidélisation globale peut ainsi être mise en place. Celle-ci peut par exemple être élaborée par rapport à un prix fixé contractuellement et qui n'est jamais dépassé, quelles que soient les circonstances.