La supply chain circulaire, modèle basé sur la collaboration
Publié par Magdalena Saczawa le | Mis à jour le
La supply chain n'échappe pas aux changements RSE mis en place dans les entreprises. Les spécialistes se penchent sur le développement d'une nouvelle supply en concordance avec l'économie circulaire. Ce nouveau modèle ne prend pas uniquement en compte la réutilisation des matières premières mais aussi les sujets de traçabilité, des normes à l'oeuvre, de la planification et de l'approvisionnement des matières par filière ou encore de la gestion de "boucles courtes".
La supply chain circulaire répond à de nouveaux défis, notamment sa capacité à s'aligner avec le paradigme des ressources présentes et surtout restantes sur la planète. L'économie circulaire est nécessaire pour répondre aux nombreux enjeux environnementaux. La majorité des supply chain actuelles suivent un modèle linéaire, malgré la performance du modèle, celui-ci ne répond plus aux enjeux de ressources. La mise en place d'une nouvelle supply chain européenne qui répond aux enjeux de l'économie circulaire est décrite par François-Michel Lambert, ancien député d'Europe écologie les Verts et fondateur de l'Institut national de l'économie circulaire, comme une "avant-première". L'objectif est de réaligner la consommation aux ressources et à leurs limites tout en remettant en cause le gaspillage des ressources immobiles, jetées, non utilisées et non réparées.
Sans la politique, pas de futur pour le recyclage
La France est dépendante des pays hors Europe pour ses ressources, ce que les industries ressentent particulièrement lors des tensions géopolitiques ou toute autre complication internationale. Depuis le début de la pandémie du Covid-19, la circularité de la supply chain diminue malgré le fait que l'épidémie a mis en lumière la fragilité du système. Afin de construire une supply chain circulaire, la mise en place de plateformes de proximité, d'espaces d'arbitrage pour l'usage de matière, d'investissements pour les nouvelles structures et de nouvelles compétences sont essentielles. Les politiques doivent faire évoluer le cadre afin de relocaliser l'accès des ressources en France et décarboniser la supply chain. Les industriels vont jusqu'aux limites de ce cadre imposer pensé pour une économie linéaire. La mise en place de la circularité de la supply chain sera incontournable au regard des nombreuses réglementations mises en place par le gouvernement, qui visent par exemple la réduction de 20 tonnes de matière première détruite par an par Européen à six tonnes d'ici 2050. "Il est important d'anticiper ces changements" signale François-Michel Lambert.
Un accès aux matières premières et recyclées qui s'annonce peu aisé
Un des futurs enjeux est l'accès au plastique recyclé. Dans certains cas, il est difficile de le réutiliser, pour les voitures, il s'agit d'un plastique de grande densité, difficile à séparer et qui a été utilisé pendant plus de 20 ans. "Renault ne va pas mettre en avant l'utilisation de plastique recyclé comme argument de vente, contrairement à une marque comme Coca-Cola. Pour cette raison, le deuxième est prêt à payer plus cher et a donc accès à la matière première au détriment des autres.", souligne François-Michel Lambert.
Certains gisements sont plus faciles à exploiter, moins coûteux ou permettent une meilleure qualité de produit. Mais la loi de la meilleure offre demeure la pratique principale. "Si une entreprise propose une offre financière plus intéressante que la nôtre, le gisement nous échappe", dit Jean-Denis Court, responsable du pôle économie circulaire et recyclage au groupe Renault. Trop peu de réflexions ont lieu sur le plastique et l'acier. "Aider à l'installation des processus industriels va valoriser tous les gisements de plastique ainsi que les 'boucles basses' qui sont des activités parfois bruyantes, polluantes et très chères industriellement, indique Anais Leblanc, associate partner chez Citwell, il faut que les entreprises comprennent que le rendement sera visible dans 15 ans." Dans la même dynamique, de nombreux acteurs de Chine et d'Inde surenchérissent sur certaines matières critiques, notamment les lingots d'aluminium. Ces ressources qui ont été extraites et importées en Europe sont ensuite envoyées vers le pays qui a payé le plus cher...
Le cuivre, la marque au fer rouge des industries ?
Le cuivre, de plus en plus prisé par les entreprises pour sa bonne conductivité électrique, représente un véritable levier dans la transition écologique. Plusieurs mines autour du monde sont exploitées notamment au Chili, en Indonésie, en Chine et au Pérou. En Europe c'est la Pologne, l'Espagne et la Suède qui sont sur le podium. L'importance du métal rouge dans la transition pousse de nombreuse entreprise à chercher de nouvelles mines. Cependant, avec l'augmentation du coût d'investissement et de production, seule une minorité peut partir à la chasse à ce précieux trésor. La disponibilité des différentes ressources est au coeur de la modélisation de cette nouvelle supply chain.
Le jumeau numérique, un outil miracle qui se démocratise ?
Modéliser et vérifier la stabilité avec les nouveaux outils disponibles. Tel est l'objectif du jumeau numérique dans le domaine de la Supply Chain. Modèle entièrement numérique, cette simulation permet d'anticiper les changements du marché et optimiser son rendement. Cette modélisation permet de mettre en place des plans d'action et prendre des décisions. Son rôle est de remplacer le modèle traditionnel de la supply chain avec une base de données précise (ERP, APS, WMS, TMS, MES et IOT) et presque en temps réel. C'est ainsi que le décrit Hervé Hillion, fondateur de SAY partners, invité au Salon de l'innovation, de la technologie et de la logistique : « l'historique analytique de la supply chain peut être vécu comme une limite, aujourd'hui il y a une attente de prédictif et d'anticipation, l'analytique est utile mais n'est plus suffisante. »
La 4D, un moyen de répondre aux nouvelles attentes RSE
L'interopérabilité des données pour la traçabilité et la performance de la supply chain se place au centre de ce modèle. En outre, il est important de définir la bonne échelle multilocale liée aux ressources et aux acteurs. Et ce, sans oublier de déployer une infrastructure, physique et SI, adaptée aux nouvelles boucles d'économie circulaire. Par ailleurs, systématiser les pratiques de circularités « hautes » où le maximum de produits sont réutilisés pour le même usage est capital, et créer les conditions pour avoir les moyens physiques industriels et humains capables de traiter le flux circulaire s'impose pour le bon fonctionnement du système. Last but not least, rappelons l'importance d'écoconcevoir les flux et services afin de garantir un fort niveau de circularité comme le souligne Anaïs Leblanc : « une supply chain qui doit s'adapter aux gisements et aux ressources disponibles n'est pas le modèle actuel, il faut se pencher sur comment aider à développer, normaliser et encourager cette écoconception. »