"Prix record de l'huile d'olive depuis 26 ans avec la sécheresse espagnole et bond du prix du blé à la suite de l'attaque de drone contre le Kremlin"
Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le
À retrouver chaque lundi matin sur le site de Décision Achats, un point sur les achats de matières premières avec une interview exclusive d'Olivier Lechevalier, cofondateur de DeftHedge.
Qu'observe-t-on sur les marchés en termes de matières premières ?
Nous sommes confrontés à une continuation de la tendance par rapport aux semaines précédentes. L'aversion au risque (qui est liée à la perspective d'une récession aux États-Unis provoquée par la crise bancaire) continue de favoriser les valeurs refuge - comme l'or et l'argent - tandis que les matières premières dont l'évolution dépend fortement de la dynamique de croissance sont en berne. C'est le cas du pétrole, par exemple. Le WTI a désormais effacé tous les gains liés à l'annonce de l'OPEP + de réduire sa production. Depuis le début de l'année, la baisse est de 14 %. En outre, le WTI a connu un flash crash pendant la nuit de mercredi à jeudi avec un effondrement en l'espace de quelques minutes de plus de 10 %. C'était en partie liée à la décision de la Réserve Fédérale américaine de faire une pause de politique monétaire. Cela a été interprété par le marché comme le signal qu'une récession est inévitable. S'ajoute aussi à cela le fait que la reprise chinoise est bien plus poussive que prévu. En début d'année, les projections de hausse du pétrole (avec une cible à 100 dollars) reposaient sur une dynamique de croissance beaucoup plus soutenue en Chine. Manifestement, ce n'est pas le cas. Le marché ajuste donc ses attentes. Il y a aussi quelques épiphénomènes qu'on peut mentionner comme le fait que les prix de l'huile d'olive sont désormais à un record de 26 ans en raison de la sécheresse en Espagne (50 % de la production mondiale). Les prix du blé ont également un peu rebondi à la suite de l'attaque de drone contre le Kremlin mais la tendance de fond baissière demeure.
Quelles conséquences pour les entreprises de cette volatilité des prix ?
L'environnement économique et financier est d'un seul coup plus instable. C'est habituel lorsque nous sommes potentiellement face à une période de transition (vers une possible récession). Elles vont donc être confrontées certainement à des prix beaucoup plus volatils à court et à moyen terme, d'où la nécessité d'adopter ou de revoir sa stratégie de couverture pour éviter des mauvaises surprises. En France, beaucoup trop d'entreprises négligent cet aspect pourtant crucial qui permet de faire des économies.
Quels sont selon vous les points de vigilance pour les entreprises sur ces achats ?
À très court terme, il faudra être vigilant aux derniers chiffres de l'inflation aux États-Unis pour le mois d'avril qui sont attendus la semaine prochaine (à la fois les prix à la production et les prix à la consommation). L'inflation continue de refluer mais il y a une poche de résistance au niveau des services qui pourrait être un vrai casse-tête à long terme pour la Réserve Fédérale américaine. Pour l'instant, la banque centrale a décidé de se focaliser sur la gestion de la crise bancaire. C'est une bonne chose. Mais l'inflation reste un problème, il ne faut pas l'oublier. Ce n'est pas parce que les prix des matières premières refluent que l'inflation a disparu. Elle a des relais dans les services.