Michelin, pionnier en termes de politique RSE
Publié par Camille George le - mis à jour à
Avec une politique RSE globale groupe engagée dès 2002 via une première charte PRM Performance Responsability Michelin, qui a ensuite évolué vers la mise en place d'une gouvernance pilotée par un comité RSE, les achats ont très tôt été impliqués dans une démarche responsable et durable.
Aujourd'hui chez Michelin, les achats responsables sont suivis, revus et challengés pour assurer une progression permanente. "Nous avons publié les principes des achats Michelin en 12 langues, explique Luc Minguet, directeur des achats groupe. Ce document, qui détaille les attendus et engagements en termes de relation fournisseur, de qualité des produits et prestations et les obligations des deux parties, est rattaché à tous nos contrats."
Depuis plus de 15 ans, le groupe n'a eu de cesse d'améliorer son approche RSE. Labellisé Relation fournisseur responsable en 2014 pour ses activités achats à l'échelle mondiale, l'équipementier est allé jusqu'à créer un poste de médiateur pour ses fournisseurs et s'appuie sur EcoVadis pour les audits de ses fournisseurs à risques. "Les audits documentaires RSE des fournisseurs de matières premières couvrent 94 % des montants d'achats dans les pays présentant un risque élevé ou moyen sur différents critères en matière de respect de l'environnement et des droits de l'homme. Et nous avons d'ores et déjà dépassé l'objectif que nous nous étions fixé d'amener 70 % de nos fournisseurs au niveau confirmé des standards du groupe, ce qui équivaut à un niveau de maturité élevé en termes de RSE. À fin décembre 2017, 89 % de nos fournisseurs de matières premières recevaient un score de plus de 45 points soit un niveau confirmé selon les critères EcoVadis."
Priorité aux matières premières stratégiques
Car si tous les achats sont concernés par la démarche, ce sont bien les achats stratégiques de matières premières qui sont passés à la loupe en priorité. Le service achats dispose d'un reporting spécifique sur les minerais de conflit, le Conflict mineral reporting template, qui répond aux obligations de Reach, relatives aux produits chimiques, et a construit une approche ainsi qu'un outil d'enquête dédiés pour cartographier les pratiques RSE de toute la chaîne de valeur du caoutchouc naturel, une matière première essentielle pour l'industrie du pneumatique.
"Nous avons travaillé avec le CFSI (Comité français pour la solidarité internationale) sur le caoutchouc naturel dont la culture générait un peu les mêmes problématiques que pour l'huile de palme. L'objectif étant de favoriser le développement de caoutchouc naturel durable. Nous avons publié une approche qui a été reprise par BMW, General Motors, Toyota et même le gouvernement chinois !" s'enthousiasme Luc Minguet dont la volonté est d'améliorer les pratiques du groupe mais aussi de contribuer à faire évoluer toute la filière. D'ailleurs, Michelin est prêt à industrialiser et mettre à disposition de tous les acteurs de la filière Rubber Way, un outil maison développé sur smartphone qui permet de mieux suivre les petits producteurs de balles de caoutchouc. "Nous visons l'objectif d'avoir 80 % de nos volumes caoutchouc cartographié à horizon 2020."
La RSE, un état d'esprit d'entreprise
Chez Michelin, l'approche RSE est entrée dans les habitudes d'achats. Elle est intégrée à la gestion des risques, aux appels d'offres, aux différentes grilles d'évaluations et aux revues SRM. Le respect des pratiques achats durables fait même partie des critères de définition des bonus individuels dans la part de rémunération variable des acheteurs. "La RSE est un état d'esprit que l'entreprise a bien intégré aujourd'hui avec un bon niveau de maturité. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes parfaits et qu'il faut relâcher les efforts ! Au contraire, nous essayons d'accompagner nos fournisseurs pour qu'ils acquièrent eux aussi cet état d'esprit. Sur l'année écoulée, on constate une progression sensible notamment chez de nombreux fournisseurs chinois, ce qui est un signe très positif."