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[Acculturation RSE] Voyages au vert chez Engie

Publié par Mathieu Camozzi le | Mis à jour le

Le fournisseur d'énergie, qui fait partie des lauréats 2024 Or des trophées de Décision Achats, représente un cas d'école d'une politique voyages et séminaires revue intégralement, afin de prétendre un jour à la neutralité carbone.

La trajectoire Net Zéro 2045 d'ENGIE s'anticipe dès aujourd'hui, par la neutralité carbone sur les modes de travail (digital, flotte, bâtiments...) en 2030. " C'est à partir de ce principe que le groupe a revu sa politique de déplacements professionnels ", précise Frédérique Nicolet, à la tête de la communication achats.

Actions sur toute la chaîne

Le Covid avait conjoncturellement permis de réduire les émissions en 2020 et 2021, mais elles sont reparties de plus belle depuis la fin des restrictions sur les voyages internationaux et atteignent de nouveau les niveaux de 2019. La Direction de l'engagement des collaborateurs et la Direction des achats, sous le sponsorship du Comex d'ENGIE, ont donc agi pour mobiliser les équipes, ainsi que l'agence de voyage partenaire qui peut fournir des solutions techniques et des données de suivi pour inverser la tendance. Alors que le management agit de plus en plus sur le nombre de séminaires, optimise les déplacements, regroupe les échanges, priorise les modes de transport à faible émission de carbone, les salariés sont plus amenés à s'interroger sur la nécessité de leur voyage, lorsque des alternatives n'affectent pas les activités commerciales ou sociales. Des règles strictes sont établies pour l'avion, paramétrées dans l'outil de réservation en ligne. Les émissions annuelles résiduelles liées aux voyages professionnels sont compensées, grâce notamment à la collaboration de l'agence de voyage qui fournit les data nécessaires pour le reporting. Enfin, " les collaborateurs sensibilisés rencontrent des exploitants forestiers et agricoles, participent à des learning expéditions pour mieux connaître leurs pratiques et leurs moyens de captage de carbone face au changement climatique ", décrit Clothilde Poplineau, directrice de l'engagement des collaborateurs.

Nouveau regard sur les voyages

C'est ni plus ni moins une révolution des esprits qui est en cours. Alors que la politique voyages était fondée sur du " best buy ", il importe désormais de moins et mieux se déplacer : cela implique un seul représentant par déplacement et une participation à trois séminaires internationaux maximum par an, avec toute une procédure de validation managériale qui est requise. Tout déplacement jugé nécessaire doit satisfaire à la fois les ambitions de décarbonation et respecter la sécurité et le confort du collaborateur (par exemple avec l'interdiction d'aller/retour dans la journée, l'obligation du vol direct, éco-premium pour les voyages de cinq à sept heures, le fait de privilégier le train à l'avion...). L'entreprise impose aux entités la compensation des émissions de CO2, ce qui génère un coût supplémentaire au voyage. Elles reçoivent chaque année un montant de ce que leurs collaborateurs ont émis et doivent investir dans des projets de capture de CO2 en conséquence, naturelle (forestation, mangroves...) ou technologie. Lorsque ces dispositifs sont mis en place à proximité des lieux de travail des collaborateurs, ceux-ci peuvent se familiariser aux techniques de transition des secteurs forestiers et agricoles par les learning expéditions d'ENGIE.

Mentalité du groupe

Toutes ces mesures rendues possibles par un travail tripartite entre les achats, la direction des engagements des collaborateurs (RH) et la direction de la sureté, visent à donner envie à chacun de réduire ses voyages, ou du moins de les considérer autrement. L'adoption d'un tel état d'esprit ne serait pas possible sans un suivi chiffré semestriel des émissions de CO2, résultante d'une co-contruction des achats et de l'agence de voyage référencée, que la direction générale et les entités du groupe reçoivent régulièrement. Cette révision de la politique voyages est un cas d'école de ce qu'ENGIE cherche à impulser : agir pour la décarbonation, accompagner les parties prenantes dans la réduction de leurs émissions, compenser les émissions résiduelles des modes de travail qui doivent être marginales à l'horizon 2030.

Premiers signaux positifs

La politique voyage a été révisée chez ENGIE en janvier 2024. Il est donc encore trop tôt pour vérifier les effets sur la trajectoire de réduction des émissions de CO2. Mais des avancées tangibles peuvent déjà être remarquées et annoncent des lendemains qui chantent : un tableau de coordination des séminaires a été mis en place et est géré par le comex d'ENGIE, qui a commencé à mutualiser certains évènements. En tant qu'entité pilote, le siège social compense depuis 2022 ses émissions liées aux voyages professionnels. Les programmes de compensation ont déjà permis à une soixantaine de collaborateurs de rencontrer un ingénieur en agroforesterie qui les a sensibilisés sur l'adaptation des forêts de Sologne au changement climatique, par la plantation de nouvelles espèces méditerranéennes plus résilientes aux sécheresses et maladies. Ils ont pu planter des pins du Liban pour plus capter de carbone à l'avenir. Ils ont aussi visité des exploitations agricoles dont les pratiques deviennent plus respectueuses des cycles naturels grâce à l'achat de crédits carbones associés par ENGIE. Un véritable contenu pédagogique a été transmis, notamment quant à la manière de calculer la capacité des espaces à capter le carbone, ou encore quant à l'importance du repos des terres.