Achats internationaux : entre intérêts économiques et développement durable
Publié par Houda El Boudrari le | Mis à jour le
Comment décliner les principes de la RSE dans les achats internationaux? Telle était la vaste question soulevée lors de la quinzième conférence du master spécialisé centre de management des achats de l'ESC Saint-Étienne, le 20 novembre dernier.
Comment décliner les principes de la RSE dans les achats internationaux? Tel était le vaste thème soulevé lors de la 15e conférence du master spécialisé centre de management des achats de l’ESC Saint-Étienne, le 20 novembre dernier. Pour y répondre, les étudiants ont mobilisé l’expertise académique d’économistes et les témoignages terrains de directeurs achats.
Pour sa conférence de fin d’études, la promotion 2012 du master achats de l’ESC Saint-Étienne s’est emparée d’un projet ambitieux: décortiquer les arbitrages auxquels sont soumis les achats internationaux entre intérêts économiques et enjeux de développement durable. Une équation complexe dans un contexte de crise mondiale et de bouleversement du paradigme des échanges internationaux.
L’expérience terrain
Les exemples d’Andrée Ximenes, la directrice des achats de la PME spécialisée en textile médical Thuasne (1 200 salariés, 100 M€ de CA) et de Jean-Philippe Agassoussi, responsable achats produits du spécialiste des systèmes de ventilation Aldes (225 M€ de CA, 1 350 salariés) sont venus illustrer ces données théoriques. La direction des achats de Thuasne a ainsi passé en revue tous les questionnaires fournisseurs en 2010 pour y intégrer un volet RSE dans le cadre de son process de certification ISO 14001. Pour ses fournisseurs internationaux essentiellement basés en République Tchèque, en Roumanie, en Asie et au Maghreb, Thuasne réalise des audits sur sites, soit en direct, soit en mandatant des cabinets spécialisés. “Lesquels sont parfois mieux habilités à détecter des anomalies spécifiques aux pratiques de tel ou tel pays”, précise Andrée Ximenes.
3 questions à...
Frédéric Richard, enseignant-chercheur, responsable du mastère spécialisé Management du développement durable et de la RSE à l’ESC Saint-Étienne.
Quelles sont les premières étapes de déploiement d’une politique RSE?
Comment voyez-vous le rôle des acheteurs dans l’application de la stratégie RSE de leur entreprise?
Les services achats ont un rôle moteur puisqu’ils sont les premiers ambassadeurs de la politique RSE de leur entreprise auprès des fournisseurs et des sous-traitants. Ils ont ainsi un rôle d’évangélisation et de diffusion des bonnes pratiques auprès d’acteurs qui ne sont pas sensibilisés à ces thématiques, soit du fait de leur petite taille ou de leur contexte géopolitique. Il ne faut pas oublier que la France est en avance au niveau des contraintes environnementales et des obligations de reporting grâce à la loi NRE et au Grenelle 2.
La RSE est-elle vraiment une priorité pour les achats dans le contexte de crise actuel?
La RSE dans les achats suppose une vision globale des cycles de vie des produits, ce qui rejoint aussi la vision économique du coût global qui conditionne la performance d’un service achats. Les logiques sont donc loin d’être antinomiques mais plutôt complémentaires.