E-procurement et achats : je t'aime, moi non plus ?
Publié par MATHIEU NEU le | Mis à jour le
A l'heure où l'utilité des nouvelles technologies pour valoriser l'information en entreprise et gagner en efficacité semble convaincre largement, une étude souligne l'adoption lente par les organisations achats d'outils logiciels pourtant décrits comme très prometteurs et incontournables.
49% des entreprises n'utilisent pas de solutions d'e-procurement. C'est l'une des conclusions étonnantes d'une étude réalisée par Fed Supply (cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers des achats, de l'ADV et la supply chain), en partenariat avec la société de conseil Leyton. Alors que la valeur ajoutée que représente la maîtrise des données est pourtant largement connue, ce constat est d'autant plus surprenant que les deux tiers des entreprises interrogées gèrent un volume d'achats annuel supérieur à 10 millions d'euros. L'enquête précise également que ce pourcentage n'évolue guère lorsqu'on tient uniquement compte des plus gros volumes d'achats.
Les outils déployés se caractérisent par une forte diversité. Ariba et Basware sont en place dans 10% des dispositifs technologiques achats répertoriés. Une solution "maison" est utilisée dans 22% des cas. Les deux tiers restant font part d'une multitude d'outils divers et variés. Le marché semble donc particulièrement morcelé. Dans son analyse complémentaire, le cabinet Leyton souligne que "ce qui va faire une vraie différence dès 2021 est la manière dont les données recueillies seront exploitées" au sein de l'organisation achats.
La connexion directe aux données fournisseurs est mentionnée comme le premier bénéfice d'un outil (27% des réponses). Les catalogues de produits, les tarifs, les conditions commerciales sont ainsi disponibles simplement à tout moment. Viennent ensuite deux autres avantages essentiels à égalité (18% des cas) : le contrôle budgétaire d'une part, et la création de commandes, les demandes d'achats ou réservations de stocks d'autre part.
En matière de mise en place de procédures de base pour intégrer de l'intelligence artificielle, les directions achats sont globalement loin d'être à l'avant-garde. 45% des répondants de l'étude ignorent tout bonnement où en est leur entreprise dans l'adoption de ce type d'outils. Dans 38% des cas, l'entreprise est en capacité de générer automatiquement des rapports sous différents formats en intégrant des tableaux de bord.
Des fonctionnalités plus sophistiquées comme l'intégration automatique des données entrantes ou la mesure de la variabilité des coûts avant et après un événement achats pour améliorer les actions collectives n'existent que dans 18% des situations. Leyton note que l'apport de l'intelligence artificielle reste encore trop flou sur le plan opérationnel. "Le potentiel est indéniable mais les produits doivent encore mûrir ; et les directions achats doivent comprendre le potentiel de ces innovations ; le défi principal est peut-être là", estime le cabinet.
La RSE peine à être intégrée aux décisions
Les innovations technologiques ont aussi vocation à favoriser les démarches d'achats responsables. Mais là encore, le constat reste peu satisfaisant. Lorsqu'il s'agit de savoir à quel stade de maturité se trouve les entreprises sur ce plan, 40% des sondés indiquent "la sensibilisation" en guise de réponse. La mise en conformité n'est mentionnée que dans 18% des cas. La gestion des priorités, avec comme objectif l'intégration de critères RSE dans les choix stratégiques, n'est une réalité que dans 15% des cas. 27% des entreprises estiment être au stade du "pilotage", où la gestion de la supply chain est pleinement intégrée à la stratégie globale et aux directives RSE.
Enfin, il est à souligner que 77% des répondants ne connaissent pas la norme ISO 20400 créée récemment. Son objectif est pourtant de fournir aux organisations des lignes directrices pour appliquer les principes RSE aux processus d'achats et à la supply chain.