Le rôle des achats dans la transformation de la supply chain
Publié par Camille George le - mis à jour à
En pleine mutation digitale, la supply chain doit revoir son modèle de fonctionnement et de création de valeur en développant de nouvelles synergies avec les autres métiers de l'entreprise, les achats en tête.
La supply chain est en train de vivre une importante transformation numérique et à la fois un repositionnement stratégique pour une autre création de valeur. Le paradigme a changé, l'ancien modèle linéaire évolue vers un modèle circulaire. "La supply chain rend possible l'expérience consommateur. Or, la satisfaction consommateur devient la nouvelle performance produit, estime Laurent Venot, directeur général supply chain et opérations finance chez L'Oréal. Si on accroît de 2% la rétention consommateur cela revient à réduire de 10% le P&L sur nos coûts supply chain." En tant que fabricant, L'Oréal confiait jusqu'à présent à ses partenaires retailers la distribution de ses produits. En faisant le choix d'investir sur l'expérience et la satisfaction consommateur, la direction générale a décidé de développer un modèle hybride et d'investir pour une part le retail. "Nous avons monté une supply chain retail from scratch qui fonctionne en mode interaction de façon désilotée. Nous avons multiplié les équipes en centrales par 3 mais aussi mis en place des process end-to-end et automatisé un certain nombre de tâches pour aller chercher des gains de façon à autofinancer cette transformation," explique Laurent Venot. En cela notamment les achats sont vecteurs de valeur ajoutée.
Des processus plus transversaux
La supply chain étant peut-être la fonction la plus exposée à la gestion des flux d'informations, l'objectif est de mettre en place une supply beaucoup plus ouverte qui offre une vision partagée aux différents métiers qui contribuent de manière directe ou indirecte à la performance de cette dernière. "Nous avons besoin de processus transversaux dans le traitement de l'information et des données, considère Jean-Charles Deconninck, CEO de Generix. Nous ne sommes plus sur une gestion de flux stockés, désormais l'activité est drivée par les flux de commandes et d'approvisionnement. La collaboration est donc essentielle pour alimenter l'ensemble des acteurs de la supply." Cette vision partagée va permettre de fluidifier le fonctionnement, d'accélérer les délais de traitement. L'automatisation des process de facturation par exemple dégage du temps pour un pilotage plus fin et une meilleure anticipation des besoins. "La disponibilité produit est un axe de travail majeur et peut être améliorer en réduisant et en garantissant le leadtime (le temps de mise en oeuvre entre le début et la fin d'un processus - ndlr). 1% de disponibilité gagné c'est 0,3% de chiffre d'affaires additionnel", souligne Laurent Venot.
Outre la transformation numérique, le repositionnement stratégique de la supply chain passe aussi par la construction d'une chaîne logistique durable. "Désormais conscients de notre responsabilité, il nous faut chercher des synergies hors de nos limites habituelles et définir de nouveaux critères de sélection dans le choix de nos partenaires", indique Laurent Venot. Là encore les achats ont un rôle important à jouer. On se dirige donc vers un renforcement des interactions avec les autres métiers de l'entreprise et particulièrement la fonction achats. Pour Sylvain Bossé, directeur supply chain chez Schneider Electric grand public, ce besoin d'expertises transverses donnera lieu à la naissance de nouvelles fonctions dans les organisations : "Je pense que nos supply chain vont être appelées à ouvrir de nouveaux métiers".
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