Travel management : la gestion du risque entre dans une nouvelle ère
Publié par MATHIEU NEU le - mis à jour à
Si les années récentes touchées par le terrorisme ont eu un effet modeste sur le management du risque Travel, les ravages de la Covid-19 semblent marquer un tournant dans la prise en compte des dangers pour les voyageurs et leur entreprise.
Les crises sont-elles un accélérateur du changement ? La question était au coeur des échanges de la 15e édition de Univ'AirPlus qui s'est tenu le 9 septembre. Le programme de ce rendez-vous du voyage d'affaires a été largement dédié à la gestion du risque qui, avec la pandémie et ses lourdes conséquences, prend aujourd'hui une résonance particulière au sein des entreprises.
"Ce volet du travel a été largement négligé par le passé. Les problèmes graves étaient surtout vus comme un malheur qui arrive aux autres ou qui est circonscrit à des pays connaissant des dangers spécifiques. La crise sanitaire a permis de se rendre compte que tout le monde peut se retrouver dans la difficulté", souligne Amélie Berruex, directrice générale d'Axys Odyssey.
Preuve d'un basculement majeur sur ce plan, le devoir de vigilance est désormais citée à 99% comme la priorité absolue chez les travel managers, selon la dernière étude réalisée par l'agence BCD Travel, devant le bien-être du voyageur. Les droits et devoirs de chacun dans les organisations ne semblent jamais avoir été aussi bien connus et compris. Une étude d'Airplus International indique qu'en France, 75% des entreprises ont d'ores et déjà modifié leur politique voyage et qu'elles souhaitent conserver durablement leur nouvelle approche.
Vers de nouvelles pratiques pour soigner la sécurité
Nicolas Bourgeois, directeur de la sécurité chez Renault, constate un changement fondamental tant en termes d'attentes de la part des collaborateurs qu'en termes de priorités chez les des décideurs. "La pandémie a fait émerger une co-construction de la gestion des risques en matière de déplacements professionnels. Celle-ci se fait conjointement avec la médecine du travail, le travel management, ou encore les services juridiques", illustre-t-il. En conséquence, certaines difficultés endémiques du passé tendent à disparaître, à l'image des réservations faites en dehors des processus dédiés dans de l'entreprise. Au sein du groupe Orange, 98% des voyages d'affaires actuels se font par le biais des outils consacrés à l'heure actuelle.
Le spécialiste de la sécurité en voyage International SOS peut lui aussi témoigner de profondes mutations: "nous avons eu 5 fois plus d'appels de voyageurs et 10 fois plus d'appels de la part des travel managers par rapport au contexte qui précédait l'arrivée du covid-19", confie Cécile Caplin, responsable Sûreté France au sein de l'organisation.
Mais malgré les prises de conscience, des défis majeurs restent à relever. "Il va falloir conserver hors crise des réflexes qui sont simples à avoir en cours de crise. En matière de devoir de vigilance, les entreprises omettent parfois la nécessité de pouvoir démontrer qu'elle met tout en oeuvre en termes de sécurité des voyageurs. Concrètement, il s'agit de pouvoir prouver qu'on a diffusé des informations spécifiques, qu'on s'est assuré que les collaborateurs concernés en ont bien pris connaissance. Il faut aussi faire un travail de veille sur l'actualité des risques, se doter d'un réseau de contacts d'urgence qui doit toujours être à jour", ajoute Amélie Berruex. En somme, toute démarche visant à prendre ses précautions doit laisser une trace.