Economie circulaire : le cercle vertueux des achats de la SNCF
Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
De la réutilisation du ballast de ses voies ferrées à la revente de ses déchets, les achats de la SNCF ont un objectif d'économie circulaire affiché de 400 millions d'euros cumulés pour 2013-2017. Une pratique vertueuse qui engendre une réflexion sur l'écoconception et le cycle de vie des produits.
" A la SNCF nous faisons de l'économie circulaire depuis toujours sans le savoir. Et la direction des achats assure une traçabilité des actions menées sur ce thème depuis déjà 5-6 ans", s'enthousiasme Benoît Depoutot, acheteur stratégique environnement, traitement des déchets et économie circulaire environnement à la SNCF.
En 2013, un plan de performance a été initié au plus haut niveau de l'entreprise. Dans ce cadre, pour 2013-2017, le Comité exécutif a fixé un objectif d'économie circulaire de 400 millions d'euros cumulés. Un objectif lié aux recettes de ventes des déchets générés par SNCF et aux économies réalisées par le réemploi et la réutilisation des produits en fin de vie. Le pilotage est assuré par la direction du développement durable et celle des achats. De plus, une personne est 100% dédiée à l'économie circulaire au sein du département développement durable.
Une cellule baptisée "Valora" est dédiée aux ventes internationales. Cette dernière a pour mission de vendre les déchets en fin de vie pour engranger des recettes mais aussi passer des contrats de prestations de déchets. En résumé, 90% des besoins du groupe dans ce domaine sont assurés par Valora et 10% sont pris en charge au niveau local en ce qui concerne les déchets spécifiques. En résumé, tous les contrats de prestations liées aux déchets dangereux sont gérés au niveau national tandis que les déchets non dangereux sont décentralisés en régions dans les cellules achats.
Un produit des ventes réaffecté aux producteurs de déchets
Enfin, le produit des ventes est réaffecté aux entités productrices de déchets. " Une sorte de retour sur investissement qui participe à la motivation des acteurs de terrain pour mieux trier et valoriser les déchets ", précise Benoit Depoutot. Une façon de les motiver à recycler davantage pour obtenir des gains financiers. " Des pistes de réflexion sont en cours pour récupérer cette manne financière pour financer des projets de R&D", souligne à son tour Isabelle Bluche, Chef de Pôle Achats Responsables au sein de la SNCF.
Depuis 2013, des indicateurs sur le montant des recettes, le suivi du réemploi et de la réutilisation au sein des entités du groupe SNCF sont mis à jour chaque mois. La performance globale mesurée est en hausse de près de 50% en 3 ans.
Les résultats sont parlants. A titre d'exemple, le réseau ferré géré par la SNCF compte 110 millions de tonnes de ballast. Près de 2 millions sont remplacées chaque année. " Sur ces 2 millions, 40% sont réemployés directement lors des renouvellements des voies. L'autre partie (soit les 60% restants) sont notamment réutilisés par les sociétés de BTP sur leurs chantiers ", détaille Isabelle Bluche.
Si la SNCF ne recycle pas l'ensemble de ses déchets, l'explication se trouve en partie par l'absence de filières compétentes sur le sujet. " nous avons par exemple du mal à recycler nos mousses car elles sont traitées contre le feu et ne peuvent être utilisées seules par les filières identifiées. Elle pourraient néanmoins l'être en mélange avec des mousses classiques que l'on trouve par exemple dans les véhicules hors d'usage de l'industrie automobile. Cette massification des gisements inter-entreprise est une piste à explorer", précise Benoît Depoutot. Car, les faibles tonnages des matériaux à recycler sont peuvent être jugés inintéressants.
Autre point noir : " En terme environnemental, il semble absurde de transporter nos 600 tonnes de mousses avec des camions pour les faire recycler. Car le transport engendre des émissions de CO²", insiste-t-il. Autrement dit, en faisant la balance recyclage /émission de carbone, ce choix ne semble pas judicieux aux dires de la SCNF.